L’alimentation chez les chiens : Entrevue avec Karine Simard

L’alimentation est souvent à l’origine de plusieurs problèmes de santé et de comportement chez les chiens. Dans cette entrevue, l’agronome et spécialiste en nourriture canine Karine Simard nous parle de croquettes et de nourriture crue, et aussi comment faire les bons choix quant à ce qui constitue une bonne et une mauvaise alimentation pour nos chiens. Quels sont les signes associés à une alimentation déficiente à surveiller chez nos animaux ? On vous détaille tout ça !

Description de la vidéo

Début : J’ouvre cette entrevue sur l’alimentation chez les chiens en vous présentant mon invitée, Karine Simard, une agronome spécialisée en nourriture canine.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je demande à Karine de nous raconter un peu son histoire, le cheminement personnel et professionnel qui l’a menée à se spécialiser dans la nourriture canine.

1:08 : Elle me répond spontanément qu’elle a toujours été une grande amoureuse des animaux et qu’à trois ans, elle pleurait pour avoir un chien. Seulement douze ans plus tard, elle fait l’acquisition de son premier chien. Mais elle a toujours été très proche de tous les animaux, des chevaux, des chats, des vaches, même des perruches ; bref, cet amour était au cœur de sa personnalité depuis les débuts. Elle a donc d’abord eu un premier chien, puis un deuxième, avec lequel elle a beaucoup aimé faire du sport. Un jour, elle a terminé son Cégep et elle devait choisir dans quelle branche elle allait s’engager. Au lieu de choisir l’option vétérinaire, elle a décidé de s’en aller vers l’agronomie, parce que ça traitait des animaux, mais d’un côté plutôt préventif, dans le sens où l’agronomie permettait d’avoir des animaux en santé et c’est ce qui l’intéressait. Elle a donc fait quatre ans d’université pour obtenir son baccalauréat en agronomie, puis, comme elle s’est avérée être une passionnée d’alimentation, elle a ensuite fait une maîtrise dans ce même domaine.

2:42 : Je lui demande si à cette époque on retrouvait une spécialité « animale » en alimentation. Elle me dit que non, et que même présentement, il n’y a pas vraiment de formation universitaire en alimentation dans le domaine des chiens et des chats. Par contre, quand on parle d’alimentation en termes scientifiques, ça s’applique quand même de la même façon pour tous les mammifères. Autrement dit, le rôle des protéines ou le gras, par exemple, est le même. Quand on fait des cours de base en agronomie, on suit plusieurs cours en alimentation, et on se rend compte finalement que les rôles alimentaires de base restent les mêmes. La seule différence, ce sont les besoins qui vont varier en fonction de l’animal, à savoir s’il est davantage un carnivore, un omnivore, ou un herbivore.

Elle nous raconte qu’une fois ses études universitaires terminées, elle est allée travailler en agriculture pendant quatre ans avec les vaches. Elle faisait de la formulation de moulée pour vaches, c’est-à-dire qu’elle préparait les recettes de nourriture. Elle a beaucoup travaillé dans ce domaine au niveau de la prévention et du bien-être animal.

4:10 : Comme les chiens avaient toujours été une de ses plus grandes passions, elle rêvait de faire de l’élevage de chien. Elle avait déjà des chiens d’eau portugais, et faisait de la recherche pour le déroulement d’un futur élevage : un jour, elle est donc allée à Niagara Falls avec sa petite voiture pour chercher un chiot d’élevage. Arrivée là-bas, la dame lui apprend que ses chiens mangent de la nourriture crue. À ce moment-là, elle travaillait pour une compagnie de croquettes et ne connaissait rien dans ce domaine. Mais l’énergie des chiens de la dame – si différente de celle des chiens qu’elle voyait au quotidien – l’a impressionnée et lui a donné envie d’en apprendre plus. Cette dame a donc commencé à lui parler de l’alimentation crue. Ça l’a fasciné! C’était il y a vingt ans, et depuis, elle se perfectionne dans le domaine, plus particulièrement au niveau des chiens. Il y a quatre ans, elle a décidé que l’agriculture, c’était terminé pour elle, qu’elle se lançait dans sa passion à 100%. Et la voilà aujourd’hui spécialiste en alimentation pour chiens.

5:45 : J’ajoute que Karine est aussi formatrice en alimentation canine et qu’elle donne des cours en ligne. Elle fait aussi du coaching pour les gens qui veulent en apprendre plus et changer l’alimentation de leur chien. C’est d’ailleurs comme ça que je l’ai rencontrée, en cherchant des solutions pour ma petite Griotte, qui mangeait des croquettes et qui avait des gros problèmes aux oreilles. On a donc essayé ensemble de passer à la nourriture crue pour ma chienne, ce qui a fonctionné : on a reconstruit ses oreilles par l’alimentation.

Parce que, comme Karine le fait remarquer, c’est mêlant, l’alimentation. De tout changer tout seul en plus, c’est difficile. Les gens ne savent plus où s’informer, ils reçoivent plein d’informations d’un côté, puis de l’autre. Aujourd’hui elle veut profiter de cette entrevue pour faire un peu d’éducation et essayer de débroussailler tout ça.

6:58 : Elle dit que c’est compliqué, parce qu’il y a plusieurs acteurs qui fournissent de l’information. Il y a des gens dans le domaine de la santé, et maintenant avec les réseaux sociaux, c’est encore plus difficile de départager l’information pertinente de l’information désuète. Elle dit qu’heureusement, les gens sont plus intéressés aujourd’hui au fait que leur chien aille mieux. Mais il y a tellement d’information partout que la seule manière de s’en sortir, c’est de s’éduquer avec la bonne information et d’aller en chercher le plus possible, mais ce n’est pas toujours clair.

8:00 : Ensemble, on regarde deux crânes : un de loup, un de chien. Elle nous explique que la dentition du loup est la même que celle du chien. Ils ont aussi le même système digestion, car au niveau de l’évolution, il n’y a pas eu vraiment de différence à ce niveau. Dans le choix d’une alimentation, respecter les besoins de l’animal est donc très important. Et de là est né le mouvement pour l’alimentation crue. Elle raconte que les croquettes pour chien existent seulement depuis la Première Guerre mondiale. Il n’y a pas si longtemps, les chiens mangeaient ce que les humains ne mangeaient pas, c’est-à-dire les restes de table, etc. À la base, dit-elle, c’est l’alimentation à base de viande qu’il faut privilégier, mais le problème, c’est de savoir quoi et comment choisir la nourriture. Lorsqu’elle a eu son premier chien, il n’y avait qu’une seule marque de croquettes pour chien. Maintenant, combien y en a-t-il ? Je réponds que je n’en sais rien!

9:46 : Karine explique qu’il y a plusieurs compagnies, et que dans chaque compagnie il y a plusieurs catégories, et il y a plusieurs marques, avec une myriade de spécificités chacune. Ce n’est donc vraiment évident pour les gens de se retrouver et de savoir ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Elle dit que ce qui a d’abord été mêlant pour elle au début de sa pratique, c’était de se dire qu’un chien était un carnivore. Elle se disait donc que le but était d’essayer d’imiter la proie dans l’alimentation que l’on donne au chien. Mais elle s’est rendu compte que cela ne marchait pas nécessairement, car chaque chien est différent et c’est ce qui complique les choses. Mais cela rend aussi son travail d’autant plus intéressant.

Malgré le fait qu’il y a une base semblable, il y a quand même de grosses différences entre les individus. Certains chiens ne vont pas du tout tolérer le végétal. D’un autre côté, certaines personnes affirment que leur chien a vécu en pleine forme pendant quinze ans en mangeant seulement des croquettes d’épicerie, et ça arrive. Toutefois, selon une étude de la Grande-Bretagne, 40% des chiens ont un problème de santé. Presque un chien sur deux a des problèmes de digestion, d’allergies, des problèmes de peau, des problèmes d’articulation…

De là l’importance que les gens sachent reconnaître quels sont les signes d’une bonne alimentation chez leur chien.

11:45 : La première des choses, nous dit Karine, c’est l’énergie globale. Elle n’est pas prête à dire que tous les problèmes d’anxiété viennent de l’alimentation, mais il y existe souvent un lien. Si un chien a mal au ventre, s’il se gratte ou s’il ne digère pas ce qu’on lui donne, eh bien, il n’a pas le choix de le manger, car il ne parle pas. Mais cela est peut-être en lien avec son alimentation.

J’ajoute que dépendant de ce que les chiens mangent, ils peuvent être plus irritables.

Karine est d’accord. Elle ajoute qu’évidemment, quand des problèmes d’alimentation vont causer par exemple des démangeaisons, cela va affecter l’énergie du chien. Un chien calme, qui a une belle énergie, c’est donc la première chose à observer.

12:44 : Deuxièmement, un chien qui n’a pas d’odeur. Karine explique qu’un chien, ça ne devrait pas sentir « le chien ». S’il vient de se rouler dans quelque chose dans laquelle il ne devrait pas se rouler, d’accord, mais l’odeur est souvent un résultat de l’alimentation dans le sens où le chien va, par ses pores de peau, excréter des choses qu’il ne devrait pas. Donc quand elle aide ses clients à améliorer l’alimentation de leur animal, les gens lui disent : le chien ne sent plus.

13:36 : Troisièmement, des dents propres ! Le tartre dentaire est une des problématiques les plus communes selon Karine Simard. Je lui demande si c’est vrai que cela réduit l’espérance de vie du chien si cela n’est pas traité.

Elle répond que certains vétérinaires le disent car le tartre dentaire viendrait causer des toxines au niveau de la bouche et empoisonner, dans un sens, le système du chien. Mais surtout, c’est que le chien souffre, et il ne peut pas le dire.

Une bonne alimentation va donc faire en sorte que les dents seront propres elles aussi.

14:32 : Une bonne alimentation se manifeste aussi au niveau du poil, un poil lustré, un beau poil, ça parle. Au niveau de la musculature aussi.

Une forme de tonneau, ce n’est pas normal, dit Karine. Un chien, ce n’est pas fait comme ça. Et malheureusement, on les aime tellement, nos chiens, que la nourriture, au Québec, c’est comme de l’amour, on en donne beaucoup trop. Mais elle rappelle que l’obésité, comme pour chez l’humain, c’est le premier facteur de risque pour le cancer, pour les problèmes articulaires, et pour tout, finalement. Il faut donc faire attention à ne pas suralimenter nos chiens, à les aimer comme il faut.

15:16 : Je raconte que lorsque je suis passée à la nourriture crue avec mon chien, il a en effet retrouvé une forme plus normale. Je précise toutefois que le but de mon entrevue avec Karine n’est pas pour autant de dire que seul le cru est bon. Elle réplique qu’il y a des bons crus, comme des mauvais crus et que c’est la même chose pour les croquettes.

Karine explique que ce qui a dû faire maigrir mon chien lorsqu’il a commencé à manger cru, c’est la modification de l’apport de glucides. Car quand l’on parle d’une proie, c’est très pauvre en glucides, et ce sont les glucides qui vont faire que le chien va faire de la rétention d’eau.

C’est vraiment de là que ça part. Elle dit que la plupart du temps, un chien qui va commencer une alimentation plus basse en glucides, comme par exemple, un cru bien balancé, va automatiquement retenir beaucoup moins d’eau dans son corps. Il ingère plus de protéines, donc ça lui donne une plus belle musculature; ça vient vraiment des nutriments de base, cette transformation-là.

Autre point important : les yeux et les oreilles. Quand les yeux et les oreilles coulent, ou qu’un chien qui fait des otites à répétition, il faut se poser des questions sur l’alimentation aussi.

16:43 : J’ajoute qu’il manque un élément : les selles. Un peu gênée, Karine dit en riant qu’elle ne voulait pas en parler, mais qu’il s’agit en effet d’un point primordial dans les signes à observer pour identifier une alimentation saine chez le chien. Un animal qui est bien alimenté va avoir beaucoup moins de selles et des selles fermes. On parle de 50% à 60% moins de selles quand on change l’alimentation. Le système digestif du chien travaille donc beaucoup moins, parce qu’il garde beaucoup plus de nutriments, et il en rejette moins. Les cacas doivent être durs et si ce n’est pas le cas, c’est très souvent directement relié à l’alimentation de l’animal.

18:14 : Je fais une parenthèse avant de passer au prochain sujet. Je demande à Karine si chaque race de chien est unique au niveau de l’alimentation aussi, quand elle affirme que chaque chien est unique ?

Elle me répond qu’elle n’irait pas jusqu’à dire qu’une race réagit spécifiquement et absolument d’une seule manière à certains aliments, cela dépend plus des individus. Mais parfois, dit-elle, on retrouve des races qui ont plus d’intolérance aux glucides ou aux végétaux. Comme par exemple, les boston-terriers, sont « les rois des pets ». Ce sont les glucides ou des excès de végétaux qui vont causer ce genre de gaz chez les chiens, parce qu’ils ne sont pas faits pour bien les digérer. Donc évidemment, il faut que ça se digère à quelque part. Il y a des caractéristiques qui reviennent au niveau des races, mais même dans une race, il peut y avoir des différences selon les individus. Toutefois, le principe de base reste le même.

Karine nous rappelle que le chien est un carnivore, donc il doit le plus possible manger de la viande de bonne qualité et la moins transformée possible : c’est toujours ce qui va nous amener les meilleurs résultats quand l’alimentation est bien balancée.

19:33 : Je lui dis que beaucoup de gens nourrissent leur chien avec des croquettes, parce que pour eux c’est plus simple, ou qu’ils n’osent pas passer au cru, pour mille raisons. Je lui demande s’il y a des meilleures croquettes que d’autres et quels sont les critères pour les choisir.

Elle me répond avec une métaphore du paradis et de l’enfer : il y a l’enfer, c’est-à-dire les vraiment mauvaises alimentations, dans lesquelles peut même se retrouver de la viande condamnée à l’abattoir, ou encore – car c’est déjà arrivé – des animaux euthanasiés qui étaient malades avant de mourir ou d’autres que l’on a trouvé sur le bord de la route. Elle ajoute que cela peut se retrouver autant dans le cru que dans les croquettes et que le véritable nœud derrière ce problème infernal vient du fait qu’il y a très peu de réglementation au niveau de la fabrication de l’alimentation animale. Étant donné ce manque de réglementation, il faut faire confiance à la compagnie, ce qui n’est pas toujours gagné. Peu importe le type de nourriture que l’on va choisir, que l’on choisisse une croquette ou un cru, il faut quand même faire ses recherches pour bien choisir la compagnie qui nourrira notre chien.

21:06 : Karine nous demande : est-ce que vous allez faire confiance à une multinationale, qui fait autant des barres de chocolat que des croquettes pour chien, ou vous allez davantage faire confiance à une compagnie de type spécialisé, qui va faire juste de la nourriture pour chiens, pour chats ? Parce que oui, ça existe. Allez-vous choisir une compagnie locale ? Choisir quelqu’un qui produit au Québec? Au Canada ? Aux États-Unis ? En Europe ? Il y a donc énormément de choix, mais le plus important est de d’abord s’informer, de poser des questions pour faire le bon choix. Si vous n’avez pas de réponses à vos questions, garder en tête que le chien est un carnivore, donc choisir un produit qui contient le plus de viande possible pour votre chien.

21:46 : J’ajoute qu’il me semble, selon ce que j’ai toujours entendu, qu’un régime sans céréales est à privilégier pour Toutou. Karine me dit que les nouvelles recherches en cardiomyopathie tendent à questionner cette croyance. De son côté, dans ses formations, elle se concentre plutôt sur un calcul de la quantité de glucides dans la croquette, et cette quantité doit être bien balancée. Parce qu’il ne faut pas oublier, nous dit Karine, que les croquettes, c’est cuit et donc il y a des spécificités qui viennent avec ça. On pourrait penser qu’étant donné que le chien est un carnivore, on va lui donner un maximum de protéines, mais ce n’est pas si simple, parce dans les croquettes, que la protéine est transformée en cuisant.

Les critères à ce niveau ne sont pas exactement les mêmes dans les croquettes que dans le cru, mais il est primordial de calculer les glucides, et on doit regarder la liste d’ingrédients. Dans les premiers ingrédients doivent se retrouver des produits animaux de bonne qualité. Karine ajoute que les gens pensent souvent qu’ils doivent toujours donner la même chose à leur chien sans jamais changer. Elle assure que ce n’est pas vrai. La variété dans l’alimentation pour nous, pour les chiens, c’est la base. L’équilibre alimentaire, c’est la variété. Varier dans les bonnes marques et varier de protéines, ça ne peut qu’aider notre animal.

23:22 : Je lui demande qu’elle nous explique ce que sont les glucides. Une question de base, mais qui me semble importante pour que tout le monde comprenne un peu plus son propos.

Elle explique qu’en fait, les glucides, ça correspond souvent à tout ce qui est végétal. Elle dit souvent à ses étudiants que les glucides se retrouvent dans tout ce qui n’a pas de cœur qui bat. Donc, les fruits, les légumes, le maïs, l’orge, le riz, tout ça, ce sont des végétaux qui sont constitués en majorité de glucides. Donc, les hydrates de carbone, les fibres, le sucre, ça rentre dans cette catégorie-là. Ce sont tous des termes différents pour parler des mêmes composés. Il faut particulièrement faire attention avec les glucides, car comme elle en a parlé plus tôt, certains chiens ne tolèrent pas du tout les végétaux.

24: 52 : J’interviens qu’il y a toujours une proportion de chiens qui n’a aucun problème. Dans le cas contraire, il ne faut pas hésiter à consulter un spécialiste qui pourra nous aider. Karine acquiesce. Je poursuis en disant que l’important est d’être conscient que, si on voit un problème chez notre chien, ça peut être alimentaire. J’explique que moi, en travaillant en comportement, je sais que certains problèmes sont seulement alimentaires, et quand on change l’alimentation, le comportement s’améliore !

Karine enchaîne en confirmant et en disant qu’au début, elle ne croyait pas ça. En sortant de l’université, elle doutait que l’alimentation avait un effet sur le comportement, mais avec le temps, elle a vu des chiens changer par l’alimentation. Elle conclut en disant que ce n’est pas toujours le cas, mais que l’alimentation, en ayant un impact sur la santé globale, en a un sur la santé mentale.

26:26 : Pour la dernière partie de l’entrevue, je demande à Karine d’élaborer un peu sur la nourriture crue, dans laquelle elle se spécialise depuis déjà une vingtaine d’années.

Elle nous raconte la petite histoire du cru : cette pratique vient de deux vétérinaires australiens (Tom Lonsdale et Ian Billinghurst), qui ont réalisé en travaillant avec les animaux que leurs chiens étaient malades. Ils se sont rendu compte que, lorsqu’ils étaient petits, on donnait aux chiens des restes de tables, ce genre de choses. À leur époque, on donnait plutôt des croquettes, les chiens étaient malades, et ils avaient aussi du tartre dentaire.

Tom Lonsdale a donc axé ses recherches sur le tartre, alors que son compagnon Ian Billinghurst a davantage été le fondateur du terme « Barf », qui aujourd’hui est plus connu sous le mot « Cru » et dont les fondements se retrouvent dans le livre qu’ils ont co-écrit. Bien qu’à la fin de leur carrière, ils n’étaient plus complètement en accord l’un avec l’autre, ce sont eux qui ont parti le mouvement pour une alimentation crue.

De plus en plus de gens comme Karine se sont mis à nourrir leur chien avec de la viande crue et à voir des résultats, à voir la différence dans le bien-être global de leur chien.

27:50 : Karine raconte que lorsqu’elle a ramené son petit chiot à la maison, après que cette dame lui ait parlé de la nourriture crue, elle ne connaissait rien dans le domaine. Elle avait peur que sa petite chienne s’étouffe avec les cous de poulet qu’elle lui donnerait. Finalement, elle ne s’est jamais étouffée, elle était bien heureuse et c’est une chienne qu’elle a toujours aujourd’hui, qui est en bonne santé depuis plusieurs années. Karine a aussi amélioré ses recettes avec le temps.

28:42 : Maintenant, il y a plusieurs compagnies qui font du cru, mais le choix du cru reste important, comme pour les croquettes, et pour les mêmes raisons nommées auparavant, c’est-à-dire qu’il y a peu de réglementation. Il faut bien le choisir, les ingrédients doivent être vérifiés, le chien doit bien les digérer – donc restez attentifs aux signes. Aussi, il faut, encore et toujours, varier dans les crus. Oui, ce type de nourriture crue nécessite des manipulations, parce que c’est de la viande, mais Karine nous rassure : « Écoutez, la viande, elle ne va pas vous sauter dessus et vous attaquer!. »

Je complète en disant qu’en effet, les gens ont souvent peur de la salmonelle, des maladies, des bactéries qui pourraient entrer dans la maison avec la viande crue. Sans devenir manique avec la peur des bactéries, il ne faut tout de même pas basculer dans l’autre sens. Karine et donne l’exemple d’une de ses connaissances, qui un jour avait trouvé un cou de poulet sous son oreiller. Elle nous dit qu’il y a tout de même quelques marches à suivre simples qui permettent d’éviter les mauvaises surprises et de garder la viande crue dans un certain cadre hygiénique dans la maison : donner de la nourriture crue ne devrait pas être plus compliqué que de donner des croquettes, mais il faut une certaine gestion de base de la part du propriétaire, et des règles à respecter dans la maison.

30:01 : Elle conseille de gérer la viande de notre animal de la même façon qu’on gère celle que nous mangeons. Si, à la base, on choisit de bons aliments à la base, le risque bactérien est extrêmement réduit. Elle nous dit que parfois, dans les produits de cru pour chien, la viande est plus fraîche que ce que l’on retrouve en épicerie. Il faut tout d’abord s’assurer que la chaîne du froid est respectée – congelé, décongelé – et on évite ainsi facilement des ennuis.

J’ajoute qu’il faut savoir que l’estomac du chien est capable de supporter beaucoup plus de bactéries que le nôtre; donc, une viande un peu moins fraîche que celle que nous mangeons n’est pas nécessairement dommageable pour le chien.

Absolument, me répond Karine. Le chien est fait pour ça. Deux choses importantes à ce sujet : l’estomac d’un chien est très acide et son intestin est très court. Ce faisant, un intestin très court ne permet pas aux mauvaises bactéries de se multiplier. Elle revient sur le loup : que font-ils lorsqu’ils tuent une proie ?

Certes, ils la mangent, mais quand elle est trop grosse pour la manger en une fois, ils vont l’enterrer, ils la cachent, et ils reviennent deux ou trois jours plus tard pour la déterrer et continuer leur festin. Je confirme que les chiens font la même chose quand ils en ont la possibilité. Donc si vous voyez votre chien tourner en rond pour cacher son os dans le sofa, c’est génétique et c’est un réflexe d’enfouissement.

31:51 : Il ne faut donc pas trop s’inquiéter au niveau bactérien pour la santé de notre chien, car il est beaucoup plus équipé que l’humain pour gérer les bactéries. On doit quand même choisir le bon produit, faire ses devoirs, se renseigner.

33:12 : Karine nous dit de garder ça simple, parce que des fois, à notre époque, on a aussi une maladie des suppléments. On a tellement peur que ça ne soit pas balancé, que là, on ajoute plein de poudre, et c’est joli, parce que ça fait plein de couleurs dans la gamelle, c’est parfait pour les photos Facebook, mais le chien en a-t-il vraiment besoin ? Au final, parfois, il y a plus de suppléments que de nourriture…

Elle nous rappelle qu’une alimentation équilibrée, ce sont des os, de la viande, des abats, un peu de végétal et voilà.

34:04 : Karine avait également envie de nous parler de l’insécurité des gens liée à l’alimentation de leur chien. Elle dit que malheureusement, certaines personnes vont nous faire peur, mais que l’on doit arrêter d’avoir peur et plutôt s’éduquer. Pour elle, les mauvaises décisions se prennent sur la peur. On ne prend pas des décisions éclairées quand on a peur, c’est-à-dire qu’on est dans notre cerveau reptilien, on est en mode survie, ce qui n’est pas nécessairement optimal. La mission que Karine se donne, c’est d’aider les gens à comprendre. Son but n’est pas de dire : « Tu dois donner cela à ton chien », mais bien d’expliquer, de vulgariser les besoins nutritifs et énergétiques des chiens aux clients. Et le client n’aura pas peur de ce qu’elle lui dit, parce qu’il saura pourquoi c’est ce qu’elle lui conseille. Après, il pourra faire des choix, selon ses besoins, qu’il connaîtra mieux. Elle vise l’autonomie de ses clients, bien qu’elle reste présente pour les accompagner.

Je la félicite, car je trouve qu’elle remplit bien sa mission de donner des outils à ses clients. Karine a de belles formations en ligne et lorsqu’on prend ses cours, on se rend compte, à la fin, qu’on a appris beaucoup de choses. Elle me remercie et clos en répétant : « Ne laissez personne vous faire peur. »

37:21 : Notre entrevue s’achève et je pose à Karine ma dernière question – que vous connaissez déjà sûrement : « Est-ce qu’un jour dans ta vie tu as fait quelque chose que tu considères rétrospectivement comme une erreur, mais que tu referais quand même aujourd’hui parce qu’elle t’a vraiment amenée ailleurs dans ta vie ou t’as apporté quelque chose ? »

Elle me répond que oui, et que c’est une très bonne question dans le contexte, car c’est en gros ce qui a changé sa vision de l’alimentation, c’est ce qui l’a amenée vers là où elle en est aujourd’hui. Elle nous raconte que son deuxième chien, un chien d’eau portugais, était une chienne qui avait de gros problèmes d’alimentation. Mais Karine, qui faisait à ce moment-là des études en agronomie, ne comprenait pas ce qui se passait. Dans sa tête, il n’y avait que la croquette qui existait. Elle suivait tous les conseils santé des experts, elle voulait vraiment le meilleur pour son chien. C’est une chienne qui avait des problèmes d’otites, qui se grattait, qui se mangeait les pattes, qui n’aimait pas sa nourriture, et qui, à l’âge de huit mois, a décidé qu’elle mangeait tout. Tu sais, un chien qui mange tout, qui prend tout dans sa gueule ? Et un jour, elle a mangé une attache à pain en plastique. Karine raconte que l’attache est restée coincée dans l’intestin du chien, qui a fait une péritonite. Sa chienne a donc dû se faire opérer d’urgence à huit mois. Finalement sa chienne est décédée à l’âge de cinq ans d’un cancer.

39:22 : Rétrospectivement, Karine nous avoue avoir énormément appris de cette expérience : « Quand tu y repenses, tu te dis que son alimentation jouait probablement un grand rôle dans tout ce qui se passait dans sa vie. C’était un chien extraordinaire. Je pense qu’on apprend. »

Elle dit qu’elle ne referait pas la même erreur aujourd’hui, mais elle croit que chaque chien nous apprend quelque chose. Ce chien-là lui a vraiment appris l’importance d’identifier les signes précurseurs d’une alimentation déficiente chez nos chiens.

40:34 : Elle ajoute que parfois les gens ont tendance à se sentir sentent coupables. Elle se réfère à des clients qui viennent dans ses formations et qui se rendent compte de toutes les erreurs qu’ils font au quotidien avec leur chien. Elle nous dit que cela ne sert à rien de se sentir mal, car tout le monde apprend et qu’elle-même, avec une formation universitaire en agronomie n’avait pas su voir les signes alarmants que son chien lui lançait. On doit toujours commencer à quelque part, dit-elle, on apprend, et aujourd’hui, elle a des chiens en santé. Donc, elle en est là et elle essaye d’aider les autres. Elle conclut en nous rappelant d’arrêter d’avoir peur, de relaxer et d’arrêter de se taper sur les doigts inutilement, car l’apprentissage est ce qui importe le plus. Je la remercie pour cette entrevue, dans laquelle j’ai beaucoup appris ! Je rappelle que Karine est formatrice en alimentation canine et qu’elle a de l’excellent contenu en ligne. Je remercie mes spectateurs d’avoir écouté cette entrevue, et je souhaite avoir le plaisir de les retrouver bientôt dans une prochaine entrevue !

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