Début : Dans cette nouvelle entrevue, je crains de faire des jaloux, car je reçois aujourd’hui deux personnes très aimées du public québécois, Marie Grégoire et Vincent Graton. Avant de les présenter, je les remercie chaudement : je me sens privilégiée qu’ils aient accepté de me donner de leur temps. Je leur avoue que je les suis depuis plusieurs années dans leurs métiers respectifs et que je les apprécie énormément.
Tous deux se sentent flattés, Marie me répond qu’ils sont eux aussi contents d’être là, puisque les chiens sont une passion qu’ils partagent. Je présente d’abord Marie Grégoire, ex-politicienne et chroniqueuse à la radio et à la télévision. Vincent Graton est un comédien qui travaille également comme chroniqueur à la radio et à la télé. Il travaille en duo avec Marie depuis trois ans et dit vouloir que cette collaboration se poursuive encore longtemps, car ils s’apprécient beaucoup.
2:31 : Aujourd’hui, on sort un peu des sentiers battus pour les deux collègues, on ne se concentrera pas sur des enjeux de sociétés comme ils en ont l’habitude, mais davantage sur leurs camarades à poils. Je leur demande de nous parler de leurs chiens, de nous les présenter et de nous dire comment ils sont arrivés dans leur vie.
3:07 : Marie plonge la première. Elle nous raconte qu’elle a d’abord eu un premier chien qui s’appelait Matisse et que son conjoint et elle l’avaient offert à l’âge de cinq ans à leur fils unique, Samuel, afin qu’il puisse socialiser davantage à la maison. Elle appelait Matisse sa «mousse de tapis»… c’était un croisé Caniche-Shih Tzu qui, malheureusement, est vite devenue – au contraire de ce qu’ils attendaient – la rivale de Samuel. La chienne était jalouse de leur fils, mais elle dit l’avoir quand même aimée passionnément ; c’était un petit chien qui venait en montagne avec eux dans leur sac et qui apparemment faisait régner l’ordre dans la maison ! Elle est décédée il y a quelques années déjà et Marie raconte que la perte de Matisse fut si difficile pour elle qu’elle s’était dit que plus jamais elle n’aurait d’animal.
4:03 : Marie nous fait part des circonstances de la mort de Matisse : à l’âge de neuf ans, la chienne a fait des convulsions, toute la famille a cru qu’elle allait y passer. Finalement, grâce à une piqûre de cortisone, elle a été sauvée. Elle a vécu encore cinq ans, mais devait composer avec de graves problèmes de santé : cécité, incontinence, douleur physique, etc. Marie et son conjoint ont donc décidé que le temps était venu pour Matisse de partir pour le paradis des chiens. Après un long week-end de Pâques, où toute la famille était venue lui dire au revoir, ils sont allés chez le vétérinaire pour qu’elle y soit euthanasiée – Marie est restée dans la voiture parce qu’elle avait trop de peine. Par la suite, ils se sont renseigné sur les réglementations et la marche à suivre pour finalement enterrer leur Matisse adorée sur leur terrain dans Charlevoix. Marie s’était promis qu’ils n’auraient plus jamais de chien, jusqu’au moment où leur fils est parti faire des études à l’étranger. Ils se sont dit que ce serait peut-être le temps d’ouvrir à nouveau leur cœur pour un nouveau chien dans leur famille. Aujourd’hui, ils ont Borgen – terme qui signifie « château » en danois – une Labradoodle qui est arrivée dans leur vie il y a trois ans et qui est une marcheuse exceptionnelle en montagne. Elle la considère comme sa fille.
5:25 : Marie ajoute qu’elle adore vraiment marcher, et que lorsqu’elle et son mari sont dans Charlevoix, le chien saute et trépigne dès qu’ils se lèvent, elle leur communique qu’il faut sortir marcher ! Vincent lui demande quel genre de caractère a Borgen. Elle répond qu’elle n’est pas farouche, qu’elle pourrait facilement partir avec n’importe qui qui lui donne des câlins, c’est une chienne très affectueuse. D’ailleurs l’éleveur chez qui ils l’ont achetée leur avait dit qu’elle avait le potentiel d’être une chienne de zoothérapie.
6:03 : Vincent Graton poursuit en nous disant qu’il a eu plusieurs chiens dans sa vie. Lorsqu’il était petit, ils avaient trois Labradors, puis sa famille a aussi eu deux Goldens. Actuellement, il a un seul chien, un mélange entre un Bichon et un Yorkshire. Au moment où il affirme que c’est son premier « petit » chien, il se rappelle en s’exclamant que c’est faux : il a aussi eu par le passé un petit Poodle (Caniche), qui était absolument insupportable. La vie lui a amené un caniche qui avait été maltraité pendant des années. Familialement, ils ont cru pouvoir le « sauver », mais malgré toute leur bonne volonté, ça n’a pas été possible.
J’ajoute qu’il est parfois impossible de « sauver » des chiens, particulièrement lorsqu’on n’a pas les connaissances pour travailler avec un chien traumatisé. Vincent rétorque qu’en effet, il ne sait pas comment même moi j’aurais pu l’aider, car il était terriblement agressif. C’était probablement un chien qui s’était fait battre. Ils ont essayé longtemps de le réhabiliter, puis un jour ils l’ont donné à une ferme. Je lui réponds que ce n’était définitivement pas un chien de famille. Vincent acquiesce : ils ne le comprenaient pas.
7:24 : Il poursuit son histoire au sujet du petit chien dont il est propriétaire en ce moment. Il est arrivé dans un moment bien particulier pour sa famille. Vincent a quatre enfants et son dernier a été attaqué par un chien. Sur la rue, un chien a bondi sur son fils. À la suite de cet événement traumatique, son jeune fils a développé une grande peur des chiens : « il devenait fou à chaque fois qu’il en voyait un », précise Vincent. Avec sa femme, ils se sont dit que la zoothérapie était sans doute une excellente option pour faire passer la peur de leur fils et ils ont donc décidé en ce sens d’accueillir un nouveau chien à la maison. Mais un petit chien, cette fois-ci, pour habituer doucement leur fils aux chiens.
8:15 : Lors de la visite d’un chenil, la conjointe de Vincent tombe comme en « pamoison » devant deux chiens, qui deviendront respectivement Oscar et Madeleine, qu’ils ont, après mûre réflexion – car ils sortaient fraîchement de la mésaventure de leur fils avec le chien qui l’avait attaqué – finalement ramenés à la maison. Les deux chiens étaient frère et sœur. Ils ont donc vécu avec Oscar et Madeleine, jusqu’au jour où Oscar s’enfuit. Ils ont beau le chercher, ils ne le retrouvent pas. Puis un jour, leur voisine les appelle pour leur dire qu’elle vient de voir une photo d’Oscar chez le vétérinaire. Ils téléphonent à l’endroit indiqué avec l’espoir d’enfin retrouver leur chien en vie, et la dame qui leur répond leur dit qu’ils viennent de perdre leur chien et qu’Oscar est en train de changer la vie de son mari et qu’elle verrait bien mal comment elle pourrait le leur rendre maintenant. Contents de le savoir vivant, ils font tout de même un conseil de famille pour savoir quelle décision prendre : ils le pensaient mort, perdu, et là, il semblerait que la vie l’avait amené dans une nouvelle famille où il donnait beaucoup de bonheur. Ils ont décidé de leur laisser Oscar. Ils ont reçu des cartes de Noël avec des photos du chien pendant plusieurs années. Vincent conclut en disant : « Tout ça pour dire que Madeleine, on l’a gardée, elle a sept ans, c’est un Bichon-Yorkshire, une petite chienne extraordinaire, c’est comme un chat, je veux dire, elle est douce, douce ».
10:08 : Je lui demande si finalement son fils a surmonté sa peur des chiens. Il me répond que oui, qu’il est très bon ami avec Madeleine, au point qu’il aimerait pouvoir dormir avec elle. Il me demande ce que je pense des lits partagés avec les chiens. Je suis pas du tout contre ça. Marie rétorque qu’elle devra en faire part à son conjoint, parce que chez elle, son vote n’a pas passé, elle ne dort pas avec Borgen. Elle ajoute que sa première chienne Matisse couchait toujours au pied de leur lit, et lorsque Marie était seule avec elle, elle se couchait carrément sur sa tête, comme un chapeau de poils. Elle croit que cela vient des premiers jours de sa vie : quand ils l’ont eue, elle était toute petite, « trop petite » selon Marie, et elle l’a couchée dans ses cheveux. « Je suis devenue sa maman », ajoute-t-elle.
11:13 : J’ajoute que c’est certainement devenu rapidement rassurant pour Matisse d’être couchée sur sa tête. Les chiens font des associations en un rien de temps. Je leur raconte que, lorsque ma chienne Griotte était petite et qu’elle était très énervée, j’ai pris l’habitude de la prendre et de la gratter sous les bras. Aujourd’hui, elle a dix ans et lorsqu’elle est trop nerveuse, elle se lève pour que je lui gratte sous les bras, parce que ça la calme. Je donne un autre exemple d’association que les chiens peuvent faire, car il y en a énormément ! Lorsqu’on se lève et qu’on met notre sac-à-dos… Le chien a tout de suite compris qu’on part marcher, ou du moins que l’on sort de la maison.
Marie dit qu’en effet, si elle sort dehors et qu’elle ne prend pas ses bâtons de marche, ça veut dire qu’elle va travailler sur le terrain. Mais dès qu’elle prend ses bâtons, sa chienne n’a même plus besoin d’attendre, elle sait déjà où aller. Même chose pour Vincent, qui nous commente que pour son chien, c’est la glacière pour la campagne qu’il leur suffit de sortir pour que le chien sache qu’ils partent au chalet.
12:31 : Vincent trouve qu’un chien, que Madeleine, dans tous les cas, ça apporte beaucoup. C’est un membre de la famille pour lui. J’en profite pour leur poser ma prochaine question, dans la même veine : « Qu’est-ce que ça vous apporte dans votre vie ? »
Marie est d’accord avec Vincent : « C’est vraiment un membre de notre famille. » Elle se souvient très bien, quand ils ont décidé d’avoir Borgen, d’avoir envoyé une photo du chien à leur fils qui étudiait à l’étranger, en disant « Veux-tu être mon frère ? » Leur fils s’en souvient encore. Elle trouve qu’en plus d’être un membre à part entière de la famille, le chien est aussi un outil de communication assez puissant dans la vie. Vincent lui demande d’expliquer ce qu’elle veut dire. Il ajoute en riant, pour le public qui écoute l’entrevue : « Prenez des notes, dit-il, surtout les couples ».
13:17 : Elle explique en riant qu’elle trouve ça très utile d’avoir un chien pour communiquer certaines choses à son conjoint sans que cela passe directement par elle. Par exemple, si son copain n’est pas de bonne humeur, elle va parfois dire : « Borgen trouve que tu n’es pas très souriant ce matin ! » Nous rions tous. Elle poursuit. « Ce n’est donc pas elle, ça fait de la dissociation, alors comme ça, ça fait sourire. » Elle considère que d’avoir un chien permet de faire baisser la tension entre les gens. Prendre le temps de donner un câlin à son chien alors qu’on est stressé pour autre chose est pour elle un moyen d’apaisement dans son quotidien et elle trouve ça vraiment bénéfique.
14:02 : Je confirme que c’est prouvé par plusieurs études : donner de l’affection à son chien fait sécréter des endorphines. Elle ajoute qu’avoir un chien la fait se tenir en forme, parce que ça la fait marcher. Vincent semble apprécier cet aspect également. Cela lui permet de marcher, de respirer, bref, de se distancier un peu des choses. En plus d’avoir guéri son fils de son traumatisme, il trouve qu’un chien est une présence de douceur, de joie ; Madeleine fait non seulement partie de la vie familiale, mais les ami.e.s de ses enfants sont aussi excité.e.s à l’idée de venir chez lui pour voir Madeleine, car elle les reconnaît, elle les aime.
14:45 : Aussi, par exemple quand Vincent apprend ses textes, pour le théâtre par exemple, un rituel s’est installé entre lui et son chien : il s’assoit toujours sur la même chaise, sa chienne arrive, il la prend, la met à côté de lui et mémorise ses textes avec elle à ses côtés. Sa présence le calme, elle lui amène à retrouver un état paisible, un peu comme après une méditation. Pour les autres membres de la famille, la présence de Madeleine est guérisseuse. Sa conjointe, qui a un emploi du temps très chargé prend tout de même du temps avec le chien de temps en temps et ça l’apaise. Le climax de tout cela pour lui, c’est quand quelqu’un s’installe au piano pour jouer et que le chien arrive. Là, « on reprend le rythme, dit-il, la respiration familiale ».
16:25 : Vincent nous prévient qu’il va dire quelque chose qui peut nous sembler un peu saugrenu : « Ramasser la crotte, je m’excuse, mais ça fait de quoi ! » Il s’explique. Pour lui, cette responsabilité qu’ont les propriétaires de chien de se pencher pour ramasser les besoins de leur chien, ça ramène à l’essentiel, aux choses élémentaires. Marie rajoute que ce qu’elle aime, là-dedans, c’est tout l’aspect de prendre soin. Ça lui fait du bien. Elle trouve triste de voir que certaines personnes « prennent beaucoup et donnent peu » à leur animal et qu’elle peut le remarquer simplement en marchant sur la rue, entre les propriétaires de chiens, quel genre de comportement ils ont. Pour elle, il ne s’agit pas simplement de ramasser, mais aussi de se rendre compte qu’on a un chien sous sa responsabilité. Elle considère qu’avoir un chien, c’est aussi avoir une responsabilité envers ses voisins, ses voisines, de ramasser leurs besoins, de respecter l’espace des autres.
18:30 : Vincent ajoute qu’il pensait justement à quelque chose, en jasant. Quand on est dans le tourbillon de nos vies, on oublie parfois qu’il y a des gens qui nous entourent. Par exemple, il peut nous arriver d’être moins attentifs aux besoins d’un enfant, et l’enfant ne va pas nécessairement venir vers nous et nous dire : « Hey, papa, il me semble que t’es pas là ces temps-ci ». En revanche, le chien fait ça. Madeleine vient le voir. Souvent, juste le fait qu’elle vienne le voir, ça lui fait réaliser, dans sa façon de la recevoir, qu’il n’est peut-être pas complètement en harmonie avec tout le reste de sa famille, puisque même le chien lui communique qu’il est distrait. Marie acquiesce : un chien, ça nous ramène à l’ordre, aux choses importantes.
19:16 : Je leur demande s’ils auraient une petite anecdote à me raconter au sujet de leurs chiens. Je suis certaine qu’ils doivent en avoir mille ! Marie dit qu’elle en a effectivement mille, mais qu’elle peut nous raconter la dernière en liste. Dans Charlevoix, où elle vit avec son mari, c’est le seul endroit où habituellement Borgen ne marche pas en laisse : elle part dans le sentier, se défoule et a beaucoup de plaisir. Ce printemps, Marie est allée en raquettes avec elle, et elles ont vu un porc-épic. Borgen le pourchasse, il monte rapidement dans un arbre, Marie a eu peur, mais finalement, tout était sous contrôle. Quelques temps après, un autre porc-épic ; même scénario, tout va bien. Des semaines plus tard, le jour de la St-Jean Baptiste, son mari et elle partent marcher avec la chienne. Sur le sentier, il y a un arbre qui est tombé, c’est un sapin, donc ça devient comme une sorte de maison, un abri pour animaux : un autre porc-épic s’y cache. Marie se dit que Borgen va déranger l’animal, qu’il va se sauver et monter dans un arbre, mais non ! Ils entendent rapidement un couinement. Borgen chassait carrément le porc-épic et autour de cet abri qu’était devenu l’arbre, elle s’était mis le nez sur les piquants de l’animal. Il leur a fallu amener Borgen jusque chez le vétérinaire de La Malbaie, où elle a passé un certain temps. Elle a souffert tout le voyage et ils se sentaient bien impuissants. À la suite de cet épisode, Marie s’est rendu compte qu’elle avait élevé son chien à moitié, parce que bien qu’elle s’assoie, qu’elle fasse des choses qu’on lui demande, elle ne revient pas quand on l’appelle.
21:25 : Je lui confirme que le rappel – c’est le terme que l’on utilise en éducation canine – est primordial dans l’éducation d’un chien. Marie me demande s’il y a un moyen de rappeler son chien vers soi même lorsqu’il coure derrière un autre animal. Je lui réponds que c’est possible, mais que dans le cas de Borgen, puisqu’elle est déjà peu habituée à revenir vers elle, le porc-épic était trop intéressant pour qu’elle obéisse. Pour qu’un rappel fonctionne bien avec son chien, il faut avoir travaillé énormément, et si le plaisir d’aller voir un porc-épic est plus fort que celui de revenir vers vous, le chien va tout de même choisir le porc-épic, même si ça lui a fait mal la première fois. J’explique, à la surprise de Vincent, que les comportements de chasse chez les chiens sont génétiques. Dans le cas de Borgen, c’est comme s’il n’y avait plus rien d’autre que le porc-épic qui existait dans ce genre de moment.
Marie en conclut donc qu’il n’y a pas grand-chose à faire. Je lui réponds, qu’au contraire, il faut travailler le rappel avec de bons outils – comme des récompenses adaptées à l’effort que le chien doit fournir – et que c’est un processus qui se fait sur du long terme. Le rappel, il faut le travailler avec des gâteries extraordinaires, celles pour lesquelles le chien vendrait son âme, parce que sinon, il n’interrompra pas ce qu’il fait pour revenir vers nous. Vincent s’étonne qu’il y ait différentes catégories de gâteries. Je lui dis qu’en effet, il y a une sorte de « hiérarchie » dans les gâteries : on part de la croquette, puis du fromage, du poulet, et pourquoi pas du steak ! Je leur fais remarquer que s’ils travaillent le rappel avec du steak, peut-être que leur chien va être plus intéressé à revenir vers eux. Lorsque j’enseigne, j’explique cette hiérarchie simplement en disant que la gâterie, pour un chien, c’est comme la paye pour nous. Il y a donc des gâteries à 25 sous et d’autres à 3000 $. Si vous voulez que votre chien réussisse absolument quelque chose qui lui demande un gros effort, il faut donc lui donner une gâterie qui en vaut la peine.
23:13 : Marie me demande si sa chienne va venir à table pour quémander de la viande lorsqu’elle en sert à table si elle utilise du steak pour travailler avec elle le rappel. Je lui réponds que non, que la nourriture, c’est contextuel. Si on lui donne de la viande à table, elle va revenir à la table, mais si on lui donne du steak n’importe où, il n’y aura pas d’association faite avec la table. Vincent raconte que sa femme donnait un piment à son chien à tous les jours, car il en raffole. Après une semaine, il attendait son piment à table. Il a fallu « le sevrer », dit-il en riant.
24:33 : C’est le tour à Vincent de nous partager son anecdote. Une fois, un ami était venu dormir chez lui et avait laissé une palette de chocolat noir à 75% dans son sac. Pendant la nuit, Vincent se réveille et il entend Madeleine courir comme une furie dans la maison. Il se demande ce qu’elle a, sans plus et se rendort. Un moment plus tard, il se réveille et l’entends courir anormalement vite – encore pire que la première fois – en rond partout à l’étage inférieur. Il descend les marches et voit la palette de chocolat par terre. Il prend son chien dans ses bras, et à ce moment, il était convaincu qu’il allait exploser. Elle avait mangé toute la palette de chocolat, avec sa grosseur ! Elle est très petite. Il l’a amené directement chez un vétérinaire, où ils l’ont fait vomir, l’ont gardé sous observation pendant 48 heures. Il pensait vraiment qu’elle allait mourir et que son cœur allait exploser. On lui avait dit que les chiens étaient allergiques au chocolat, mais… pas à ce point-là !
27:48 : Je rectifie un peu la croyance populaire qui dit que les chiens sont allergiques au chocolat : en fait, c’est que le chocolat contient une toxine qu’ils ne sont pas capables de digérer et qui atteint le cœur. Marie demande si, outre le chocolat, le raisin et les oignons – aliments qu’elle savait déjà nocifs pour les chiens – il y en avait d’autres qui étaient à proscrire ?
Je lui réponds que l’avocat n’est pas très bon, ainsi que le café et l’ail, mais bon, entre nous, il y a très peu de chances qu’un chien soit attiré par ces aliments-là.
26:41 : Arrive le temps de ma fameuse dernière question : « Est-ce que vous avez, dans votre vie, fait quelque chose que vous considérez aujourd’hui comme une erreur, mais que si vous aviez à revenir en arrière, vous la referiez quand même ? Parce que ça vous a amené quelque chose dans votre vie. » Je leur précise qu’ils peuvent me parler de leur expérience en lien avec les chiens ou pas.
27:31 : Marie répond qu’au sujet des chiens, l’erreur qu’elle a fait, mais qu’elle referait demain, c’était de mettre sa première chienne Matisse dans ses cheveux quand elle était petite. La chienne avait pris la mauvaise habitude de jouer avec les cheveux de Marie quand elle était sur le divan, elle les mordait, était constamment en train de vouloir s’y coucher. Elle dit qu’elle recommencerait quand même, parce que ce moment où elle était là, toute petite, blottie, calme, était extraordinaire et qu’elle ne l’oubliera jamais.
28:23 : Pendant que Marie cherche une autre « erreur » à nous partager, Vincent nous dit que bien qu’il ait trouvé son Caniche agressif insupportable, ce fut une expérience intéressante. Il ne croit pas que c’est quelque chose qu’il referait, mais ça lui a permis de mieux comprendre la limite de certaines choses. Il a réalisé qu’il ne pourrait pas le sauver. Il conclut : « On ne peut pas sauver tout le monde ». Ni tous les chiens, je lui réponds. Sur un plan plus personnel, Vincent nous avoue aussi qu’il a un jour fait un choix professionnel en laissant tomber un contrat qui lui aurait assuré une autonomie financière dont il aurait encore profité à ce jour. Il reste toutefois très content d’avoir refusé cette offre pour préserver son intégrité.
30:12 : Il est rare que je parle de moi en entrevue, parce que je veux mettre en lumière mes invités, mais aujourd’hui, j’ai envie de commenter une de mes tranches de vie. Probablement parce que Vincent est comédien, je leur raconte que j’ai fait mon école de théâtre à Paris. Je suis partie à 28 ans, et ç’a été le plus mauvais choix professionnel que j’ai fait ! Je n’étais pas armée pour cette expérience, je suis arrivée là en ne connaissant personne, j’avais un accent québécois, et surtout, je n’avais pas la personnalité de foncer et de dire aux autres : « Tassez-vous, je veux réussir ! ». Je m’excusais presque de respirer à cette époque ! Je me suis donc fait « tasser » assez rapidement et ç’a été très très difficile. Mais personnellement, ça m’a apporté énormément de choses, et aujourd’hui, en plus de l’expérience, ça m’a quand même permis de rencontrer l’homme que j’aime, qui est mon prince charmant depuis 18 ans. J’ai une belle vie et aujourd’hui je fais des entrevues, et j’adore ça.
31:38 : Marie nous partage qu’elle aussi, comme Vincent, est arrivée à un moment dans sa vie où elle a décidé de dire non à un mandat. Elle se disait que oui, sur le long terme, ça aurait été rentable, mais sur le terme de sa vie, de ses valeurs, non. Ça lui est arrivé, de dire non à certaines propositions, mais elle croit qu’elle ne pourrait pas faire ce qu’elle fait aujourd’hui si elle n’avait pas gardé son intégrité, car pour elle, c’est la seule chose qu’elle a. Elle n’est pas indépendante financièrement, mais elle est intègre, et elle dit vouloir toujours continuer ses projets dans cette perspective.
32:38 : L’entrevue tire à sa fin. Je les remercie de tout mon cœur d’avoir accepté mon invitation, je me sens choyée d’avoir pu en apprendre plus sur leur relation avec leur animal : je leur dis que cette relation témoigne de leur générosité, qu’ils semblent être des gens ayant à cœur le bien-être de leurs chiens. Je remercie également mes fidèles spectateurs pour leur écoute attentive, et leur donne rendez-vous dans ma prochaine entrevue !