Intro : J’ai le privilège de vous présenter Chirag Patel, un spécialiste en comportement animal reconnu mondialement, qui a la générosité de m’accorder une entrevue. J’ai réalisé l’entretien en anglais même si je ne maîtrise pas parfaitement cette langue (comme vous pourrez le constater 😉), mais pour la cause je n’ai pas hésité un seul instant ! Les francophones ne perdront rien, car un sous-titrage français de l’entretien est ajouté à la vidéo.
1: 07 : Je souhaite la bienvenue à Chirag et le remercie sincèrement de m’avoir accordé cette entrevue. Je présente Chirag : il est consultant en entraînement et en comportement animal au Royaume-Uni.
1: 37 : Chirag précise en premier lieu qu’il travaille principalement avec les chiens, mais aussi avec plusieurs autres animaux tels que les dauphins, les ours polaires et bien d’autres. Sa grande passion est de comprendre le comportement des animaux et leur environnement afin de les aider à être heureux et leur offrir une vie riche remplie d’expériences. Et pour cela, il est nécessaire de comprendre leur comportement.
2: 10 : Peu importe l’espèce, que ce soit un chien ou un humain, les principes derrière le fonctionnement du comportement sont les mêmes. Car nous sommes des animaux aussi. Donc, lorsque Chirag enseigne à un gardien de zoo ou encore à un propriétaire de chien, il explique qu’il faut d’abord modifier le comportement de l’humain. Il travaille donc avec tous les types de comportement.
2: 34 : Je demande à Chirag (dans mon super anglais !) s’il a travaillé avec plusieurs espèces d’animaux. Il répond qu’il a beaucoup entraîné des chiens domestiques à ses débuts mais aussi des perroquets qu’il possédait à la maison. Il a également travaillé avec d’autres espèces animales. Cependant, l’essentiel de son travail est d’offrir des conseils sur l’entraînement des animaux dans différentes situations, et de coopérer avec les gens qui s’en occupent, ceci afin d’apporter des changements qui aideront les animaux.
3: 32 : Dans ce segment, Chirag nous parle de sa motivation. Il explique que nous percevons souvent l’entraînement comme n’étant que l’enseignement de quelques tours pour mieux réussir une activité ou un sport ; par exemple, comment devenir plus agile. Selon lui, nous utilisons le mot « entraîner » mais nous pouvons aussi utiliser le mot « enseigner ». Pour Chirag, ces deux mots signifient un peu la même chose, malgré qu’on dise qu’on enseigne aux humains mais qu’on entraîne les animaux. L’entraînement est l’aide apportée à l’animal afin qu’il adopte des comportements le rendant plus heureux dans son environnement et ensuite fournir l’enseignement requis pour comprendre comment fonctionnement les comportements. C’est dans cet enseignement et dans sa compréhension des comportements que Chirag trouve toute sa motivation. Il mentionne que les animaux n’ont pas choisi de vivre avec nous. Souvent, nous déterminons pour eux leur choix de vie et ce, parfois avant même leur naissance. Et parce que nous faisons ces choix pour leur vie, il est important de comprendre leur comportement et de savoir gérer ceux-ci de manière respectueuse.
4:55 : J’ajoute que, lorsqu’on comprend mieux le comportement, nous pouvons augmenter le bien-être de l’animal, mais aussi celui du client et qu’ainsi, la vie de tous est améliorée.
5: 14 : Chirag acquiesce, et ajoute que l’amélioration du bien-être de l’animal et de son propriétaire n’est pas seulement le résultat d’une modification dans le comportement. Il est important de tenir compte de l’environnement. L’animal doit apprendre à fonctionner dans son environnement avec les humains et les autres animaux qui en font partie. Nous devons également tenir compte du comportement de l’humain avec son animal à l’intérieur de cet environnement. Il s’agit d’un effet en boucle.
5: 40 : Je demande à Chirag le conseil le plus important qu’il peut donner à un propriétaire de chien.
5: 50 : Il insiste sur le fait de prendre plaisir à passer du temps avec notre chien. Chirag nous rappelle qu’il existe toute une panoplie de conseils canins provenant de partout, à la télé, dans les bouquins, lors d’entrevues que l’on écoute… mais que ces informations peuvent être fausses ou encore présentent de grandes généralités comme : « tous les chiens doivent faire ceci et de telle façon ». Plusieurs des clients qui consultent Chirag désirent obtenir son aide dans l’entraînement de leur chien. Chirag leur demande alors ce qu’ils veulent vraiment entraîner. La réponse habituelle est que la plupart désirent que leur animal se comporte convenablement. Pourtant, Chirag leur dit que leur chien semble bien se comporter, alors que veulent-ils qu’il leur enseigne exactement ? On lui répond généralement qu’il puisse exécuter les commandes de base : « assis, couché, viens ». Mais pourquoi faut-il que le chien sache s’asseoir, se coucher, interroge Chirag ? En quoi cela améliore-t-il sa vie ? C’est la tradition qui veut que le chien sache répondre à assis, reste, au pied.
6:35 : Chirag nous indique que nous devrions plutôt enseigner à notre animal les choses qui lui seront utiles afin qu’il puisse vivre harmonieusement avec nous. Il réitère de nouveau l’importance de profiter au maximum du temps passé avec notre animal. Il mentionne que l’éducation et l’enseignement peuvent être très amusants. Il est intéressant de se rappeler que nous-même avons retenu davantage les matières qui nous passionnaient et le souvenir des professeurs qui nous rendaient l’apprentissage amusant. Il nous dit également que l’on n’a pas besoin d’être autoritaire avec son chien. Nous devons plutôt entretenir une relation basée sur la conversation avec notre animal et prendre plaisir à cette conversation. Pour nous aider dans la façon de tenir cette conversation, il y a toujours la possibilité de consulter des professionnels qui pourront nous enseigner la bonne façon de faire.
7: 30 : Je conclus cette section en précisant qu’il est plus question de collaboration que de domination. Pour terminer, je pose à Chirag la question suivante, que j’aime bien demander à tous mes invités : « As-tu déjà fait quelque chose que tu considères aujourd’hui comme une erreur, mais que tu ne changerais pas même si tu en avais l’occasion ? »
7: 53 : Chirag a trouvé la question très intéressante… il nous dit avoir débuté en entraînement traditionnel et qu’il a travaillé en utilisant des méthodes aversives comme l’utilisation d’un collier étrangleur et le collier à pulvérisation. Par la suite, après avoir rencontré et côtoyé de bons entraîneurs canins, il a constaté qu’il y avait des effets secondaires négatifs résultants de l’utilisation de ces méthodes, et celles-ci ne donnaient pas les résultats souhaités. Il a donc choisi de changer et de travailler avec des techniques différentes.
8:32 : Il croit cependant que ses antécédents professionnels ont influencé sa manière de travailler maintenant avec les humains et les animaux. « Ce sont par les expériences passées qu’on développe nos compétences et nos connaissances », avance-t-il. Il précise que c’est ce qu’il a appris qui fait ce qu’il est aujourd’hui. Il ne juge pas les gens qui utilisent encore ces méthodes, lui-même n’a pas agi de cette façon parce qu’il détestait ses animaux ou qu’il avait l’intention de leur faire du mal. Il croyait à cette époque que de cette façon, il aidait son chien à ne pas mordre et qu’ainsi il assurait la sécurité des gens autour de lui. Après réflexion, oui, il aurait pu utiliser d’autres techniques. Si on utilise des méthodes coercitives parce que c’est ce qu’on a toujours fait et parce que ça fonctionne, on continue à le faire. De travailler avec d’autres espèces qu’on ne peut manipuler, car ils peuvent vous mordre ou vous tuer, lui a fait considérer qu’il y a beaucoup d’autres méthodes possibles. Il termine en rappelant que notre animal de compagnie n’a pas librement choisi de vivre avec nous, alors pourquoi devrait-on utiliser des méthodes aversives causant la douleur et l’inconfort si nous apprécions la compagnie de notre animal ?
10: 40 : Pour Chirag, du point de vue comportemental, certains comportements vont agir en tant que renforcement pour d’autres comportements. Une personne ouverte d’esprit racontera sans doute que par le passé elle a adopté certains comportements dans des conditions différentes qui ont renforcé ses comportements actuels et qui fait que ceux-ci seront plus susceptibles de se reproduire dans le futur. Si nous n’avons pas expérimenté une situation, il nous sera difficile d’y être ouvert sans appréhension. Plus nous vivons d’expériences différentes, plus cela façonne positivement notre façon de voir les choses.
11: 30 : Je fais le lien avec les propos ci-dessus en mentionnant à Chirag que c’est ce que je viens de vivre pendant ces 5 dernières journées passées avec lui : j’ai expérimenté une façon différente de voir les choses, et j’ai beaucoup appris de ses enseignements, de sa générosité et du partage de ses connaissances. Je le remercie sincèrement.
11: 48 : Chirag me remercie de l’avoir invité pour réaliser cet entretien.