Dans cette entrevue, on échange sur le parcours d’Annie Ross dans l’univers animal, mais aussi comment la douleur physique influe sur le comportement de nos chiens.
Début: Je reçois ENFIN Annie Ross, à qui je dis en blaguant d’entrée de jeu que je la flatte dans le sens du poil depuis longtemps pour qu’elle m’accorde une entrevue!
Mais quand on sait tout ce qu’elle fait, on comprend qu’elle n’a pas tant de temps de libre!
Annie Ross est vétérinaire, enseignante au cégep de Saint-Hyacinthe, et chroniqueuse pour le Journal de Montréal et le Journal de Québec depuis près de 20 ans.
Elle a été la conférencière vétérinaire coup de cœur du congrès de l’AMVQ (Association des Médecins Vétérinaires du Québec) en 2015, 2016, 2017 et en 2019. Et elle est nouvellement membre du CA de l’Ordre des vétérinaires du Québec. Rien que ça!
Moi, j’ai découvert Annie en tant que chroniqueuse dans le Journal de Montréal et ensuite, je me suis rendue compte avec bonheur qu’elle était vétérinaire.
6:15 : Je demande à Annie si elle a toujours voulu travailler avec les animaux. Car elle a commencé son parcours en faisant une maîtrise en psychologie, mais c’est parce que, comme elle dit, elle s’est beaucoup «amusée» dans la période avant l’université, ce qui fait qu’elle n’avait pas les notes pour être acceptée en faculté vétérinaire!
Elle a été jusqu’à la maîtrise en psycho, mais elle a fini par retourner à ses amours, les animaux et complété ses études comme vétérinaire.
Elle raconte que la psychologie l’a finalement beaucoup aidée comme vétérinaire, parce que le comportement, qu’il soit humain ou animal, ça relève de la psychologie!
12:00 : Je lui demande ensuite comment elle en est venue à passer de vétérinaire à chroniqueuse?
Annie raconte que c’est vraiment un coup de chance. Elle écrivait des chroniques dans quelques journaux vétérinaires, puis elle a été référée quand quelqu’un cherchait une vétérinaire pour écrire dans le Journal de Montréal.
Ce n’était pas évident au début, ça l’a forcée à sortir de sa zone de confort, mais elle a l’impression d’aider la cause animale ainsi. Et c’est une belle histoire qui dure depuis 20 ans.
En plus d’écrire des chroniques sur toutes sortes de sujets reliés aux animaux, Annie fait aussi régulièrement le portrait de personnalités québécoises avec leur animal. Elle adore ça!
21:00 : En plus d’être vétérinaire et chroniqueuse, Annie enseigne en technique en santé animale Je lui demande ce que l’enseignement lui apporte dans sa vie.
Elle s’est aperçue assez vite qu’elle avait l’enseignement dans le sang. Elle a postulé pour un emploi en enseignement, et elle a été acceptée. Pour elle, l’enseignement, elle en mange! Elle préfère presque ça à son métier de vétérinaire. Ce qui la nourrit, c’est d’enseigner à des jeunes adultes très motivés et investis dans leur programme d’études. Ça l’énergise au boutte!
27:36 : Annie donne aussi des conférences pour les TSA et parfois pour les vétérinaires, et elle adore ça!
Pour la voir aussi énergique durant notre entrevue, je me dis que les gens ne doivent pas s’ennuyer pendant ses cours ou ses conférences!
29:25 : Je passe à une question plus «vétérinaire»: les gens me consultent souvent pour un trouble de comportement, mais c’est parfois physique. On ne se rend pas compte comment une maladie ou une douleur peut influer sur le comportement.
Je conseille toujours de vérifier le côté physique avant de commencer à travailler le côté comportemental. Je demande à Annie comment les problèmes de santé peuvent jouer sur le comportement. Elle me répond qu’il ne faut jamais oublier que le comportement, ça vient du cerveau. On est un tout, cerveau et corps, et l’un influence l’autre.
Elle met l’accent sur la douleur (car, bien sûr, plein de maladies et de problèmes de santé créent de la douleur). La douleur chez le chien augmente l’anxiété, même chez un chien pas anxieux. Alors imagine pour un chien déjà anxieux!
Il faut toujours se poser la question de la santé quand on a une modification brusque du comportement. C’est pourquoi il est essentiel que les intervenants en comportement travaillent avec les vétérinaires.
Autre aspect important: la diminution de l’interaction sociale. Le chien malade ou qui a mal, il veut avoir la paix! On va aussi noter une diminution de l’activité physique.
Et on peut voir apparaître de l’agressivité. C’est normal, si le chien a de la douleur, il ne veut pas avoir mal, alors si on le manipule ou le touche, il va réagir, et peut aller jusqu’à mordre.
La douleur peut aussi amener le chien à s’auto-mutiler. Le chien a tellement mal qu’il peut se mutiler pour s’apaiser ou baisser sa douleur et tenter de calmer son anxiété. Pas très drôle à ce sujet. Annie nous raconte une histoire
34:11 : Donc, avant de commencer à travailler le côté comportemental, il faut s’assurer qu’il n’y a rien au niveau physique avant. Car un travail comportemental sur un ennui de santé ne règlera rien!
Annie donne l’exemple de la rage: c’est un virus qui monte dans le cerveau et qui provoque d’importants changements de comportement. Mais ça reste un problème physique avant tout.
Un autre exemple: le mal de dents. Il y en a beaucoup chez les chiens. Avez-vous déjà eu mal aux dents? Ça fait mal, hein? Imaginez un mal de dents chronique chez un chien… Annie raconte que souvent, quand on traite un mal de dents chez un chien, il semble rajeunir de 5 ans tout d’un coup! Voilà un beau cas où le côté physique a modifié énormément le comportement!
On parle aussi de la réactivité en laisse, un problème vécu par tellement de mes clients! Annie explique que la réactivité va augmenter beaucoup si le chien a une douleur, qu’elle soit au niveau du cou (à force de tirer sur la laisse) ou ailleurs. J’ajoute que ça devient un cercle vicieux parce que le chien finit par réagir même avant d’avoir une douleur parce qu’il l’a associé précédemment.
40:57 : Je raconte mon histoire avec Griotte qui a eu tellement de problèmes avec ses oreilles toute sa vie, qu’à force de vivre de l’inconfort, j’en suis venue à penser qu’elle est parfois irritable à cause de ça. On devient tanné de vivre de la douleur chronique et on est plus facilement frustré. Comme pour les animaux vieillissants qui ont de l’arthrose, c’est la même chose.
43:57 : Je poursuis sur le sujet de l’arthrose (vu que mon chien est vieillissant, j’en profite…). Je demande si on peut faire quelque chose avec ça. Annie dit que oui, certainement! Il y a plein d’approches et d’actions différentes qu’on peut faire pour aider nos chiens qui font de l’arthrose. Elle nous en donne des exemples.
48:45 : Ma dernière question est plus personnelle. Souvent, on demande aux gens de quoi ils sont le plus fiers dans leur parcours. Moi, je prends la chose à l’envers, car ça permet de découvrir les gens sur un autre angle.
Alors je demande à Annie: «Est-ce que tu as déjà fait quelque chose dans ta vie que tu considères aujourd’hui comme une mauvaise décision, mais que, si c’était à refaire (donc si tu pouvais revenir en arrière), tu prendrais quand même cette décision-là pour tout ce que cela t’a apporté?»
Annie répond qu’après avoir vraiment réfléchi à cette question, elle en a conclu que c’est d’avoir fait le détour académique en psychologie qui est l’«erreur» qu’elle referait. Malgré que ses études en psycho ont représenté plusieurs années où elle n’a pas fondé de famille, où s’installer dans la vie a pris plus de temps que les autres, elle ne regrette pas d’avoir fait ses études en psycho, car elle a adoré toutes les connaissances qu’elle a accumulées. Et elle juge aujourd’hui que ça fait d’elle une vétérinaire et une personne plus complète.
Je remercie chaleureusement Annie pour cette entrevue pleine d’énergie et de bonne humeur, j’ai adoré la rencontrer, ça a cliqué tout de suite entre nous!