Sports canins attelés: Entrevue avec Fanny Peltier

Saviez-vous qu’on peut faire du canicross même avec un chihuahua? Et connaissez-vous toute la gamme des sports canins attelés? Il y en a plus que vous pensez! On aborde tous ces sujets dans cette entrevue avec mon amie et collègue Fanny Mahíngan Peltier, propriétaire d’Animush et coach en canicross! Avec des anecdotes en prime!

Description de la vidéo

Intro : je vous présente Fanny Peltier, intervenante en comportement canin et propriétaire de Animush, une entreprise qui accompagne les gens qui veulent se faire entraîner dans la pratique des sports canins attelés. Nous avons exceptionnellement débuté cette entrevue à l’extérieur, puisque nous parlons de sports attelés. Cependant, il faisait un froid de canard ce jour-là, alors nous ne nous sommes pas attardées dehors !

1:19 : Une fois, à l’intérieur, Fanny nous explique l’origine du nom Animush, qui est un amalgame de «Animosh», qui signifie «chien» en algonquin, de «Ani» qui veut dire «âme» (ou animaux), de «Mush», dérivé de «mushing», qui veut dire «marche», en langage de musher (entraîneur de chien de traîneau). Donc AniMush, c’est l’âme du chien qui «marche». C’est-y pas poétique, ça?

2:00 : Fanny a créé Animush il y a un peu plus de 5 ans, à la suite de l’adoption de son premier chien Kimik, un Alaskan Husky de 6 semaines. Fanny raconte combien elle est fan de traîneau à chiens et de sports canins attelés depuis qu’elle est toute petite. Elle a embêté son père pendant des années pour avoir un Husky et la réponse a toujours été «Non». Avec raison, car avoir un Husky dans un appartement à Montréal n’est pas une très bonne idée! Ce sont des chiens rustres et qui ont beaucoup d’énergie et qui ont été génétiquement sélectionnés pour ça, alors on ne peut pas vouloir en faire des patates sur un canapé!

3:18 : Fanny a voulu bien partir avec son chien, donc elle est allée se former avec un éducateur qui, comme on dit dans le milieu, est «clic-clac», c’est-à-dire qui va autant punir que récompenser. Ce qui fait que le chien ne sait jamais à quoi s’attendre, à savoir s’il va recevoir une gâterie ou une claque en arrière de la tête. Mais comme l’éducateur avait 25 ans d’expérience, elle lui a fait confiance même si elle n’aimait pas ses méthodes. Elle s’est toutefois rendu compte que cet éducateur était vraiment en train de «casser» son chien. Son petit chiot, si social, si énergique, si content de voir tout le monde, «trop heureux d’être content d’être heureux», comme elle dit, est devenu moins heureux parce qu’il a commencé à avoir peur de recevoir des coups de collier. Il a commencé à devenir réactif et à craindre la prise au collier.

Malgré tout le travail de désensibilisation et de contre-conditionnement que Fanny a fait par la suite avec Kimik, la prise au collier est encore parfois un élément déclencheur d’une émotion négative.

4:50 : Après cette expérience malheureuse, Fanny a voulu explorer des enseignements avec des méthodes moins contraignantes, et c’est là qu’elle a rencontré Jean Lessard en 2012, son mentor depuis ce temps. J’en profite pour glisser que c’est là qu’on s’est rencontrées, elle et moi! On cherchait la même chose en même temps pour nos chiens!

5:15 : Pour elle, tout a déboulé après sa formation avec Jean Lessard. Elle faisait déjà du canicross en 2012, mais l’univers des sports canins attelés s’est ouvert à elle à travers les Canisportifs, un club canin de sports attelés. Les sports canins attelés étaient peu connus à l’époque (et on avoue qu’ils le sont encore)! On a encore l’image du musher avec son gros «casque» de poils, son traîneau et ses chiens attachés à des cabanes, mais c’est bien plus que ça. D’ailleurs, toutes les races de chiens peuvent faire des sports attelés, autant un Teckel ou un Chihuahua qu’un Husky! Mais il faut user de gros bon sens! On ne mettra pas trois teckels en avant d’un traîneau! On y va selon la capacité et la motivation du chien.

6:25 : Peu importe la race, on ne met pas un harnais sur le dos d’un chien et go on y va ! Le chien est tellement habitué à marcher à côté de nous, qu’il faut lui apprendre les rudiments du métier comme on dit! C’est non seulement un entraînement qu’on construit, mais aussi une relation avec l’animal! Et lui donner la motivation nécessaire pour avoir envie de tirer un traîneau ou un humain.

7:18 : Je demande : y a-t-il des chiens qui ne sont pas du tout faits pour les sports canins attelés? Fanny dit que non, tous les chiens peuvent au moins faire du canicross. Elle parle de Gucci, le chien de son amie, un petit Spitz tibétain, qui lui, est un Husky dans sa tête. Lui, il court dans la neige, il est partant pour tout. Mais comme il est petit, c’est sûr qu’on ne lui fera pas faire n’importe quel sport, mais pour le canicross, il n’y a pas de problème. On met un harnais au chien, une ligne bunjee le relie à l’humain, et là commence un travail de collaboration humain-chien. On profite de la traction du chien, qu’il pèse 4 kg ou 35 kg.

8:15 : On aborde le fait qu’il est très important de prendre en compte la santé du chien, sa conformation. Un problème de conformation peut provoquer plus facilement des blessures. Il faut donc bien connaître son chien et on en revient à l’importance de la collaboration humain-chien pour être bien à l’écoute de celui-ci. C’est essentiel. Quand on est en symbiose avec notre animal, qu’on revient d’une course où les endorphines ont fait leur travail, on est juste «Wow»! Et non, on ne fait pas partie d’une secte, précise Fanny! Il vient un moment où le chien est tellement bien entraîné, qu’on fait «un» avec lui.

9:40 : Quand Fanny court avec Kimik, il ressent son rythme cardiaque et adapte son rythme à elle, pour lui permettre de le baisser si celui-ci est trop haut. C’est très fusionnel et intense comme sport ! Et un chien ne le ferait pas s’il n’était pas motivé et s’il n’avait pas du plaisir à courir.

11:05 : Voici le moment de décrire les divers sports attelés! Il y a, bien sûr, le traîneau à chiens, que tout le monde connaît, mais aussi :

  • Le canicross, qui est de la course à pied avec chien.
  • La canirandonnée, le petit cousin du canicross : on profite de la traction du chien pour faire de la randonnée.
  • Le skijoring : au départ, ce sport se pratiquait avec les chevaux. On est en ski de fond et on profite de la traction du chien pour faire une balade en ski.
  • 11:52 Le bikejoring : se pratique en vélo, mais le chien n’est pas sur le côté, il est en avant. (L’humain doit être solide sur son vélo et le chien, dûment entraîné aux instructions, car cela peut être dangereux.). On ne part pas sans échauffement en vélo, surtout quand on part en sprint, mais l’échauffement est important pour tous les sports, d’ailleurs.
  • 14:05 Le scooter des neiges (version hiver de la trottinette de terre à 2 roues) : plus intéressant par rapport au vélo, car c’est plus stable. Il y a toujours un à deux chiens en avant.
  • 14:53 Le kart : un gros bolide à 3 roues. Là, ça prend un casque ! C’est très sportif. On attelle 4 chiens minimum. On peut mettre jusqu’à 8 chiens, et dans ce cas, on peut monter jusqu’à 40 km/hre. Il faut donc un bon entraînement et un bon équilibre sur le kart. Ce sport se pratique à des endroits spéciaux, car il faut que la route soit libre, sans obstacles.
  • 15:50 La trottinette des neiges : de plus en plus populaire. C’est comme un mini-traîneau. Pas très lourd, on y ajoute 1 ou 2 chiens. On peut mettre n’importe quelle race de chien, si le chien est motivé à tirer.
  • 16:33 Le traîneau à chiens, le plus connu au Québec. Fait pour les longues distances, on peut y atteler 16 chiens.

On constate que les sports attelés se décline en pas mal de versions!

16:48 : On aborde le rôle de Fanny dans tout ça. Elle précise qu’elle fait de l’accompagnement surtout pour le canicross. Mais elle avoue qu’elle n’a jamais été une coureuse. À la base, elle aimait faire de la cani-randonnée. Elle trouve que c’est merveilleux de se promener dans les hautes montagnes avec un chien bien entraîné. Elle explique aussi combien c’est fatigant mentalement pour le chien, il doit être concentré, attentif, il doit être en traction toujours en ligne droite et de ne pas se promener en zig-zag. Bref, c’est ce qu’elle aimait faire. Mais le canicross est arrivé dans sa vie, et elle coache maintenant depuis 5 ans des gens, autant des débutants que des sportifs de haut niveau qui veulent se préparer pour des compétitions.

Elle donne des conférences, des ateliers. Elle intervient parfois en comportement pour des mushers qui ont eu diverses problématiques avec leur chien. Sans oublier l’humain en arrière. Et de rappeler à l’humain d’avoir aussi du plaisir avec son chien et de ne pas être seulement dans la performance.

20:03 : On précise que même faire de la marche avec son chien est un bon exercice, et on peut en profiter pour commencer à apprendre au chien à répondre aux commandes de la personne qui est derrière (tourner à gauche et à droite, à tirer, à s’arrêter sur demande). On peut également apprendre au chien à dépasser d’autres personnes avec d’autres chiens, ce qui est très difficile à faire.

Il faut parfois enseigner au chien à tirer, mais aussi parfois à ralentir dans les descentes. Et le chien doit savoir se contrôler car un chien, c’est très fort ! Fanny précise que dans les concours de traction, un chien peut tracter jusqu’à 5 000 lbs ( plus de 2 000 kg) de charge ! Donc, un chien de 80 lbs (35 kg) qui tire sans être capable de s’arrêter, ou qui voudrait courir après un écureuil, pourrait être dangereux pour la personne derrière lui. C’est pourquoi le chien doit être désensibilisé aux distractions.

Fanny nous donne un exemple où un écureuil est passé sous le nez de son chien alors qu’il tirait en vélo. Le chien a regardé passer l’écureuil et a continué son chemin. Mais pour en arriver à cela, c’est beaucoup de travail! Et il faut désensibiliser le chien progressivement à toutes sortes de choses (ex., bruit du vélo, du traîneau) pour éviter des mauvaises associations qui sont difficiles à réparer par la suite.

23:50 : Fanny nous explique les étapes pour entraîner un chien aux sports canins attelés. Tout d’abord, on ne commence jamais l’entraînement avant 8 mois à un an, et on y va progressivement. C’est très demandant mentalement, et un chien ado est facilement distrait car il est encore en train de découvrir de nouvelles choses dans son environnement, alors on commence par simplement lui apprendre les instructions et améliorer la relation.

On débute par du travail à l’eau pour les chiens qui aiment ça, ou de l’entraînement en liberté pour que le chien puisse faire du cardio et développer de la masse musculaire.

En parallèle, on travaille la désensibilisation à diverses choses comme le port du harnais ; on apprend au chien à tracter en ligne droite et non en zig-zag, et à bien prendre appui dans son harnais. Et tout ça dans le plaisir !

25:50 : On aborde LA question que la plupart des gens posent à propos des sports attelés: «J’apprends à mon chien à marcher au pied en laisse; si je le fais tirer en avant en canicross, va-t-il tout désapprendre?» Fanny précise que non, le chien est capable de faire la distinction entre les deux si on utilise deux harnais différents: un pour la marche en laisse et un autre pour le sport attelé. Et c’est important de leur montrer aussi clairement que possible la différence entre les deux.

27:11 : Pour en revenir aux étapes d’entraînement, on commence ensuite à s’entraîner progressivement avec le chien. Et Fanny précise un point TRÈS IMPORTANT: il faut toujours terminer sur une bonne note pour que l’expérience soit positive pour le chien. Donc, si ça va bien, arrêter l’entraînement à ce moment (sans frustrer le chien non plus) pour lui donner envie de recommencer plutôt que de pousser le chien à bout, ce qui risque de le démotiver.

28:15 : En résumé, il faut être en symbiose avec son chien, savoir ce qui le motive et quand il l’est ou ne l’est pas, et surtout, l’écouter. Être à l’affut des signes de fatigue du chien, car certains chiens sont tellement intenses et engagés dans leur activité qu’ils ne s’écoutent pas eux-mêmes.

Souvent, contrairement aux attelages de 10-12 chiens, on court seul et ce n’est pas toujours motivant pour le chien. Mais heureusement, aujourd’hui, les sports attelés gagnant en popularité, les gens moins expérimentés ont la chance de pouvoir joindre des clubs pour les aider à en apprendre plus et motiver le chien.

30:28 : C’est l’heure des anecdotes ! Je demande à Fanny si elle n’aurait pas quelques histoires rigolotes à me confier!

31:00 : Elle me raconte qu’un hiver, elle est en canicross dans le bois avec son chien, et ils arrivent à un tournant où on ne peut que tourner à droite. Elle demande à son chien de tourner à gauche… Kimik la regarde pour être bien sûr que c’est bien ce qu’elle lui a demandé, et elle lui redemande la même chose! Eh bien, il a tourné à gauche, ils sont tous deux rentrés dans le bois, et se sont enfoncés dans la neige jusqu’aux hanches!

32:44 : Une autre histoire concerne Jean, le conjoint de Fanny. Il a beaucoup entraîné Kimik en vélo durant la grossesse de Fanny et un jour, il a dû passer entre deux arbres et n’a pas donné au bon moment l’instruction de tourner… le chien est passé entre les deux arbres, mais pas Jean. Il s’est payé l’arbre!

34:10 : Ces deux aventures montrent bien que, souvent, ce qui arrive n’est pas la faute du chien, mais du conducteur qui a soit manqué de focus, de timing ou qui a du mal à reconnaître sa gauche de sa droite! L’important, c’est de savoir en rire!

En conclusion, les sports canins attelés sont une grande source de plaisir, mais surtout, ils nous en apprennent beaucoup sur nous et sur nos capacités. Et pas moyen de tricher!

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