Les sports de détection d’odeurs, c’est quoi? Entrevue avec Anne-Marie Giroux

Je m’entretiens avec l’éducatrice canine Anne-Marie Giroux qui nous parle de sa spécialisation, le travail au flair, communément appelé détection d’odeurs. Le monde de l’odorat du chien est un univers fascinant et Anne-Marie nous en parle avec passion!

Description de la vidéo

Début : Aujourd’hui, je m’entretiens avec Anne-Marie Giroux, éducatrice canine et spécialiste en détection d’odeurs ou travail au flair, les deux terminologies sont bonnes.

Avant de rentrer dans le cœur du sujet, je demande à Anne-Marie de nous raconter son parcours et ce qui a fait qu’elle est devenue spécialiste en travail au flair.

Comme la plupart des éducateurs canins qu’elle connaît, elle a commencé à faire des formations en éducation canine suite aux problèmes de comportement de son propre chien. Elle ne fait pas exception à la règle, et dans son cas, les difficultés qu’elle avait éprouvées étaient avec Bianca, sa première chienne Airedale, qui est maintenant décédée depuis presque trois ans.

1:42 : Avec Bianca, son premier chien, qu’elle a eu à deux mois, et tout allait bien jusqu’à ce qu’elle ait deux ans. À cet âge-là elle a vécu des agressions, pas au parc à chien qu’Anne-Marie fréquentait régulièrement, mais dans le secteur où elle habite, sur sa rue, dans les parcs, mais pas au parc canin. Pendant le même été, elle a subi trois agressions: des chiens qui viennent la voir, mais qui ne viennent pas la sentir, qui viennent l’agresser. Elle était en laisse, ou attachée au vélo; bref, de très mauvaises expériences, ce qui fait qu’après cet été-là, elle est devenue réactive, agressive, même très agressive. Qu’il s’agisse d’un petit, moyen, ou gros chien, jeune, vieux, son attitude, c’était: «je te mange avant que tu viennes me voir».

C’est là qu’Anne-Marie s’est demandé ce qu’elle allait faire avec ça. Elle se questionnait, alors elle a commencé à lire sur le sujet et à suivre des thérapies pour elle. Elle a vu Jean Lessard, Patrice Robert, Jacinthe Bouchard, les «top» au Québec, et tous ont vu Bianca. Elle a trouvé ça très intéressant d’en apprendre plus avec eux et elle s’est dit que ce serait un super beau projet de retraite pour elle. Alors elle a commencé à faire des formations en éducation canine.

3:03 : Au fil des années, la réactivité de Bianca a beaucoup diminué, mais pas son agressivité. À travers son chien, elle a beaucoup appris en comportement canin. Par contre, un moment donné, il était devenu impossible de faire des activités ou des sports canins avec Bianca, Anne-Marie avait trop peur qu’elle attaque d’autres chiens. Puis un jour, elle est tombée sur un séminaire qui était annoncé: «Détection d’odeurs, amenez votre chien». Elle a appelé, et comme on passait un chien à la fois dans ce séminaire, il n’y avait pas de danger pour Bianca. Elle est donc allée dans ce séminaire et ça été «Wow» pour elle et pour Bianca!

4:22 : Elle a donc commencé à s’informer plus sérieusement sur la détection d’odeur: elle voulait tout savoir, parce qu’elle voulait commencer demain matin! Elle a commencé à faire des compétitions avec Bianca, à suivre des cours en ligne. En compétition, c’est génial pour les chiens réactifs, parce que le chien est seul avec son propriétaire dans une pièce avec le juge, le chronométreur et aucun autre chien n’est présent, donc pas de chicane.

C’est ainsi qu’Anne-Marie a découvert l’univers du sport canin de détection d’odeurs et elle a eu envie de s’impliquer plus dans cette pratique en se rendant compte qu’absolument tous les chiens pouvaient participer. Aucun chien n’est discriminé, aucune race, il n’y a pas d’âge, pas d’handicap qui empêche un chien de faire de la compétition, tous sont acceptés.

5:33 : Elle a voulu devenir instructrice et a suivi des cours en détection d’odeurs. Suivre une formation a été un peu compliqué pour elle, parce qu’il n’y en a pas au Québec en français. La seule formation qu’elle a trouvé à un prix abordable, c’était sur PPG (Pet Professional Guild) en ligne. Sinon, il fallait se déplacer jusqu’aux États-Unis, en Californie, au sein d’une organisation qui n’a aucun lien avec le Canada, elle a donc laissé tomber cette option. Le cours en ligne de PPG, c’est pour devenir instructrice. On lui a enseigné les bases: le comportement des odeurs, le travail du chien, l’odorat ; c’est vraiment la base pour comprendre ce qui se passe quand le chien fait du travail au flair. Elle s’est plongée dans le sujet avec enthousiasme et passion.

6:42 : Je lui dis qu’elle a trouvé sa voie! Elle me répond: «Oui, exactement, c’est le nez.» Nous rions. Elle a suivi son flair, aidée par Grujot, son nouveau chien, encore un Airdale, qui partage la vie d’Anne-Marie depuis le décès de Bianca, il y a trois ans déjà.  

7:27 : Pour commencer, je demande à Anne-Marie de nous expliquer ce que c’est, la détection d’odeur, ou travail au flair?

Quand on parle de travail au flair, ce sont toutes les activités qui concernent l’odorat. La détection d’odeurs, spécifiquement, c’est de faire chercher une odeur cible, spécifique, déterminée, à notre chien. Une fois qu’il a trouvé l’odeur, on veut aussi qu’il nous indique qu’il a trouvé l’odeur.

Ensuite, il y a ce que l’on appelle en formation «handler’s discrimination», c’est la détection d’odeur du manieur, donc, sa propre odeur. On peut donc avoir une dizaine d’objets identiques, mais il y en a juste un qui contient l’odeur du propriétaire du chien. Le chien doit aller chercher l’objet qui contient son odeur parmi les dix, puis il le lui rapporte. Il existe aussi des compétitions de «handler’s discrimination».

8:20 : Il existe aussi tout ce qui est tracking, ou pistage. On fait encore appel au flair, mais là, on ne veut pas que le chien lève le nez, on veut qu’il suive la piste. Une piste, un trajet sur le sol est faite par un pisteur, et en compétition, le chien doit vraiment rester sur la piste et refaire le trajet exact.

Anne-Marie nous dit que tout ce qui est recherche et sauvetage rentre aussi dans le travail au flair. Dans ces cas-là, le chien va aussi utiliser du pistage et se servir de l’odeur présente dans l’environnement – air scent – pour trouver ce qu’il cherche.

Elle a fait trois petits ateliers de pistage pour initier son chien, pour savoir s’il avait du talent ou pas dans ce domaine et il s’est avéré que oui… mais elle a plutôt poursuivi en détection d’odeurs avec Grujot.

9:35 : Malheureusement, si la détection d’odeur est un sport canin déjà très populaire aux États-Unis depuis plusieurs années, c’est assez récent au Canada et presque inexistant au Québec. Heureusement pour Anne-Marie, ça s’en vient tranquillement. D’ailleurs, le CCC (Club Canin Canadien) a commencé à faire des compétitions de travail au flair.

Au Canada, on a la SDDA, Sporting Detection Dog Association, fondée par des Ontariens, qui viennent d’ailleurs de franciser leur site Internet. Selon Anne-Marie, ce sont des personnes en or et les compétitions chez eux sont très agréables. Il y a des règlements imposés par chacune des différentes organisations, chacun a ses huiles – parce que ce sont des odeurs d’huiles essentielles que les chiens cherchent en détection d’odeurs.

10:44 : Quand Anne-Marie donne ses cours, ce sont ces huiles-là, ces odeurs-là qu’elle utilise. Elle précise qu’on ne peut pas faire chercher aux chiens n’importe quoi! Elle ajoute que c’est une très mauvaise idée d’aller à la pharmacie pour faire chercher n’importe quelle huile essentielle à son chien.

J’ajoute que les huiles essentielles utilisées en travail au flair sont des odeurs très précises, pas n’importe lesquelles.

Anne-Marie confirme: les huiles dont on se sert pour travailler avec les chiens ont été étudiées et sont sécuritaires pour les chiens. Il faut savoir que dans les huiles essentielles en général, certaines peuvent être toxiques pour votre chien et la plupart peuvent être toxiques pour votre chat.

Je souligne pour information qu’en effet, toutes les huiles essentielles sont toxiques pour les chats.

Le stock d’huiles essentielles, d’échantillons et de bouteilles d’Anne-Marie est toujours rangé dans des contenants fermés, où le chat n’a pas accès. C’est important d’être attentif à ce genre de choses si vous avez un chat et que vous décidez de faire des compétitions en détection d’odeurs, il y a de petites précautions à prendre pour le bien-être de nos animaux.

11:55 : Anne-Marie me demande de lui rafraichir la mémoire par rapport à ma question initiale. Je lui rappelle que je voulais savoir ce qu’était la détection d’odeurs pour que les gens à la maison puissent comprendre ce qu’on fait concrètement quand on pratique cette activité canine.

Elle me répond qu’on entraîne le chien à reconnaître trois différentes odeurs, dépendamment des niveaux. Il y a toujours une progression de difficulté dans le sport. Donc, on commence par une première odeur; le chien doit trouver cette odeur dans un environnement, dans un espace donné. Une odeur est cachée, le chien doit la chercher et la trouver. Une fois qu’il l’a trouvée, il faut qu’il nous produise un comportement qui nous indique qu’il l’a trouvée. Souvent, c’est un assis ou un couché, mais ça peut être autre chose.

12:42 : Autrement dit, un comportement clair qui dit: «J’ai trouvé!» Une fois que le propriétaire du chien est certain que le chien est «à l’odeur», il lève la main en disant «Alerte!», puis le juge confirme ou non que le chien a trouvé l’odeur au bon endroit. En compétition canine d’odeurs, on appelle ça des cue et des non-cues.

Anne-Marie précise qu’en compétition, on ne compétitionne pas contre les autres chiens. C’est un peu comme au golf. Au golf, les golfeurs font leur partie, ils font du mieux qu’ils peuvent, ils ne jouent pas contre les autres golfeurs, ils jouent contre eux-mêmes dans le fond. Donc en compétition canine, c’est la même chose, il y a des cue et des non-cues. Ça enlève un peu de stress,et c’est juste le fun de faire ça.

13:44 : Anne-Marie rappelle qu’elle fait ce genre de compétition avant tout parce que son chien adore ça. Elle ajoute que certains chiens ont une facilité à l’odeur à cause de leur génétique, mais c’est aussi beaucoup de travail entre le propriétaire et le chien, un travail de motivation pour que le chien ait envie de chercher. Ce n’est pas toujours dans l’ADN du chien d’avoir envie de chercher une odeur.

Oui, tous les chiens qui existent, peu importe la race, du pogue au chihuahua, au papillon, au Danois, sont en mesure de trouver une odeur. C’est dans leur génétique, mais il y a des chiens plus performants que d’autres. Par exemple, un berger allemand, un chien avec un très grand nez, possède beaucoup de cellules olfactives dans son nez. Plus que le petit pug qui a le nez écrasé. Mais le petit pug en a lui aussi bien suffisamment pour réussir cette tâche avec brio. Jusqu’à 100 000 fois plus que nous, les humains. Comparativement à un berger allemand, effectivement, le pug a un peu moins de cellules, mais ce n’est pas ça qui est vraiment important en détection, c’est davantage la volonté de chercher. Ça, certains chiens l’ont, d’autres ne l’ont pas, et c’est ce qu’il faut surtout travailler afin d’augmenter la motivation du chien à chercher.

15:18 : Je dis que je suis sûre que la plupart des gens ne connaissent pas le fantastique odorat des chiens. Tout le monde sait que les chiens sentent mieux que nous, et ont un super odorat, mais j’aimerais quand même entendre ce qu’a à nous raconter Anne-Marie là-dessus.

Elle explique qu’en ce moment elle est en train de suivre un cours en ligne dans lequel elle apprend les aspects physiologiques de l’odorat chez le chien. En fait, l’odorat du chien, c’est encore mieux qu’une machine. Leur nez est tellement efficace qu’à ce jour, on n’est même pas capable de faire une machine aussi performante que l’odorat du chien. On cherche encore à comprendre tout le mécanisme de discrimination d’odeurs chez le chien. Anne-Marie explique avec des gestes le fonctionnement du reniflement et de l’expiration d’air chez le chien: «il renifle droit devant lui, et il expire par les côtés. Il va renifler du côté droit telle odeur, du côté gauche, telle odeur.»  

16:30 : J’ajoute que j’ai compris de mon côté que la respiration du chien était un flux continu. Anne-Marie confirme. Donc, s’il renifle par la narine droite, il va activer le cortex cérébral droit, et s’il renifle à gauche, le cortex cérébral gauche. L’odorat est d’une grande complexité, et on ne sait pas encore ce qui rend les chiens si efficaces sur le plan de l’odorat. Ce qu’on sait, par contre, c’est que l’odorat chez le chien, c’est comme la vision pour nous. Quand on rentre dans une pièce, on regarde, on écoute. Le chien, lui il sent.

19:29 : Je lui dis que mon chien sent le nez en l’air quand je le sors dehors.

Elle dit qu’il va soit sentir en l’air, ou au sol, s’il y a une odeur persistante au sol. Les chiens prennent connaissance de leur environnement par le flair. Anne-Marie pense souvent à des enfants qui écoutent toujours le même film à répétition. Elle donne l’exemple d’un enfant qui écoute Aladin au déjeuner, au dîner, au souper. Pourquoi font-ils ça? Parce qu’ils connaissent le film, le scénario, et même les dialogues. Ils vont même répéter les dialogues de certains personnages, parce qu’ils les ont appris par cœur. C’est réconfortant, parce qu’ils savent ce qui va se passer, ils connaissent le futur. Je trouve son parallèle intéressant. Anne-Marie explique qu’au niveau du chien, c’est exactement la même chose. Le chien sort de chez nous. La première odeur qu’il sent là, c’est celle qu’il cherche. Une odeur connue. Parce qu’il l’a sentie dans son environnement.

18:35 : Anne-Marie nous image une histoire en exemple: Grujot sort dehors, il va sentir un petit brin d’herbe et se dit «Ah, c’est Chloé, la petite Labrador brune du coin de la rue, elle est venue faire un pipi ici ce matin. Et en passant, Chloé, elle a une petite infection de la vessie.» Puis, il continue sa route. Il va aller sentir une autre chose. «Ah, la fichue marmotte est encore passée ici, je lui avais pourtant dit de ne pas revenir!» et «Ça, c’est Gaétan avec son après-rasage, il y a du résidu d’après-rasage là», car il sait que c’est Gaétan qui utilise cet après-rasage.

19:20 : J’ajoute que Grujot sait probablement depuis combien de temps chacun est passé et dans quel sens ils vont. «Absolument», nous répond-t-elle. À chaque fois que le chien revient, à chaque jour, il va toujours aller à la même place. Puis, lui aussi, il va laisser des petits messages en passant. Elle dit en riant que Grujot adore communiquer, il fait de nombreux messages, on dirait qu’il a bien des amis imaginaires, parce qu’elle ne les a jamais vus. Toute cette ritournelle, cette routine, fait que le chien se reconnaît dans cet environnement-là, c’est comme s’il confirmait: «je suis chez moi, et là je suis bien dans cet environnement-là, et c’est réconfortant.» Renifler pour un chien, c’est apaisant.

20:09 : J’ajoute que c’est pour cette raison, que des fois, lorsqu’ils sont stressés, ils sentent par terre. Anne-Marie dit que le fait de renifler va libérer de la dopamine dans leur cerveau. La belle petite hormone de plaisir et de satisfaction. On en veut de la dopamine chez les chiens. Donc, c’est pour ça que tous les chiens ont cette capacité-là à s’apaiser en reniflant. Elle insiste sur le fait que d’empêcher votre chien de renifler pendant les marches, c’est la pire chose que vous pouvez faire à votre chien.

Je suis absolument d’accord. Le plaisir de la marche, pour le chien, c’est de renifler. C’est un plaisir de sa vie. Anne-Marie confirme que le chien renifle d’abord, puis après, il marche. En plus, elle affirme que si vous laissez votre chien renifler comme il veut pendant votre marche, c’est comme si vous y ajoutiez des kilomètres. Par exemple, si vous êtes allés marcher une demi-heure, c’est comme si vous étiez allés marcher une heure et demie. Le chien va revenir deux fois plus fatigué, parce que pour tout se souvenir, c’est exigeant pour lui! Il n’y a pas juste l’odorat du chien, il y a aussi la mémoire olfactive qui est rattachée à l’odorat.

21:15 : Je dis que c’est le travail dans le cerveau qui s’opère. Anne-Marie explique que le chien se souvient de tout. L’odeur de Chloé, sur la petite branchaille, il sait exactement où elle est et il s’en souvient très bien. Il y a donc une mémoire olfactive qui est activée aussi. Au niveau cognitif, l’odorat, c’est un bijou. Il est certain que de voir un chien renifler, ce n’est pas très spectaculaire. Parce que, selon Anne-Marie, comme les odeurs sont pratiquement invisibles, on travaille dans l’invisible, mais si on pouvait imager les odeurs, ce serait différent. Anne-Marie suit justement des cours sur le comportement des odeurs. Elle trouve cela fascinant: ses professeurs mettent une sorte de casserole avec un couvercle et un trou, dans lequel ils mettent une glace sèche colorée. Cette casserole est posée au milieu d’une pièce où les fenêtres sont fermées, et grâce à la glace, on voit comment les odeurs se diffusent, comment le chien s’y rend, et où il va percevoir l’odeur. Je dis que les chiens vivent dans un monde d’odeurs, que nous, on ne connaît pas.

22:20 : Anne-Marie dit que la mémoire olfactive chez les chiens est encore plus puissante que chez les humains. Travailler cette mémoire olfactive chez le chien l’aide à se développer. Mais nous avons aussi une mémoire olfactive. Combien d’odeurs nous ramènent à des événements réconfortants de notre enfance!

23:20 : Je lui demande si elle veut dire que ça aide à leur équilibre global dans leur vie. Elle me confirme que oui. Je répète qu’il est donc super important de laisser renifler les chiens pendant la promenade, ce qui m’amène à lui poser une question: si mon chien est réactif et anxieux et que je change son rituel de promenade, que je l’emmène dans un endroit inconnu où il y a plein de nouvelles odeurs, est-ce que ça veut dire qu’il sera plus anxieux?

Anne-Marie me surprend. Non, mon chien deviendrait moins anxieux selon elle!

Je pensais qu’en restant dans le connu, mon chien allait justement être plus calme, mais il n’en est rien. En fait, Anne-Marie explique que cela développe sa curiosité. Les chiens, de nature, sont curieux d’aller voir «c’est quoi ça». Même un chien peureux ou un chien anxieux va avoir ce réflexe-là d’aller vers les choses. Donc, ça va le sécuriser.

Et des nouveautés, pour un chien, même s’il est anxieux, ce n’est pas grave, parce que ces nouveautés-là se situent dans une autre dimension pour lui. Certaines personnes dans le cours d’Anne-Marie lui disent: «Ah, mais si je fais renifler mon chien, il va renifler tout le temps!» Elle leur répond que oui, mais que c’est bon pour lui! Si, justement, il renifle encore plus une fois qu’on le fait renifler, et qu’il renifle de plus en plus, ça veut dire que ça marche. Anne-Marie fait une heure et demie de marche avec son chien et ça marche! Elle-même dit ne pas avoir de destination. Elle contrôle tout 22h30 sur 24 dans la journée, elle veut laisser à son chien une petite heure et demie pour faire ce qu’il veut. C’est sa marche à lui, il va où il veut, et quand il revient à la maison, il est calme, même que dix minutes après, il dort. Laisser renifler son chien est une dépense d’énergie extraordinaire. C’était justement une de mes questions: l’odorat, c’est une dépense d’énergie pour le chien? Elle me répond qu’en effet, c’est excessivement exigeant, surtout lorsqu’on entraîne le chien à chercher une odeur, ou en compétition.

26:38 : Je demande à Anne-Marie quelles sont les possibilités pour des gens ordinaires ayant un chien qui aimeraient faire de la détection d’odeur sans faire de la compétition.

Elle me dit qu’il en existe plusieurs et qu’il n’est pas nécessaire de faire de la compétition. D’abord, dit-elle, peut-être que le chien en question est un chien qui ne performerait pas bien en compétition, soit parce qu’il est trop réactif, trop anxieux, ou trop peureux, donc on ne veut pas mettre le chien en état de stress avant la compétition, ça ne serait pas une bonne idée. Parfois, elle croit qu’il faut quand même essayer la compétition pour voir comment notre chien réagit. Si on voit, en compétition, que ça ne va pas bien, on n’y retourne pas, on l’a essayé et c’est tout. Si on ne veut pas faire de compétition, on peut s’amuser tout autant avec notre chien, parce que toute odeur s’entraîne.

27:25 : Je lui dis que ce n’est peut-être pas nécessaire de suivre des cours? Peut-être un petit atelier pour voir comment ça fonctionne?

Pour elle, il faut juste avoir les bases de la détection d’odeurs, ça va aider la personne pour au moins savoir comment démarrer. Ensuite, c’est à l’infini, nous dit Anne-Marie: «Tu as perdu ta manette de TV, tu as perdu tes clés, tu cherches ton argent…» J’ajoute en riant: «tes maudites lunettes» et Anne-Marie enchaîne: «… et tu espères que ton chien quand il les trouve, il ne les mange pas… Bref, tous ces items-là, c’est ton odeur à toi. Le chien va être entraîné à retrouver ton odeur à toi. Donc après ça, c’est juste à mettre le mot sur cherche MANETTE, cherche LUNETTES, cherche les CLÉS, et puis bingo!»

La détection d’odeurs, ça sert donc aussi à la maison. Anne-Marie dit que si on veut travailler des odeurs avec notre chien, on peut travailler des odeurs comme de la tisane, du thé, même du café! Il n’est pas nécessaire de travailler avec des huiles essentielles. Mais si le chien veut faire de la compétition, c’est plus facile, parce qu’il connaît déjà leur odeur.

28:44 : Par contre, certaines personnes vont commencer tous seuls à faire détecter des odeurs à leur chien, et à un moment donné, ils vont frapper un mur, parce qu’il y a des notions de base qu’ils n’auront pas assimilées. Certaines étapes sont importantes, et avant de pouvoir progresser, il faut que le chien les maîtrise. Parce que si on avance sans connaître les bases, et que notre chien est un peu perdu, qu’il ne sait pas trop ce qu’il cherche, ou qu’on cache les odeurs trop loin, ça devient compliqué pour lui. Si cela fait 5, 10 minutes que le chien cherche, c’est beaucoup trop long, et il va se démotiver. Notre chien il ne voudra plus jamais rien chercher pour nous après.

29:14 : J’ajoute que le chien doit être dans le succès pour progresser.

Anne-Marie explique que le problème avec les chiens, c’est qu’ils sont difficiles à motiver et très facile à démotiver. Retravailler à remotiver un chien, c’est plus difficile que de maintenir sa motivation. Un chien qui ne sait pas trop ce qu’il cherche ou qui cherche une odeur dans un milieu plus difficile, où il y a plein de distractions, on va le perdre, au début. C’est pour ça qu’Anne-Marie suggère quand même de suivre quelques cours de base pour savoir comment bien travailler avec son chien. Parce que du point de vue du flair, votre chien est capable de trouver n’importe quoi. En fait, n’importe quel chien le peut. C’est la volonté de chercher que l’on doit travailler avec son animal. Je dis qu’en effet, un chien qui est démotivé, c’est comme un humain démotivé, si tu perds tout le temps, tu n’as plus le goût d’essayer. 

Nous faisons une petite pause, parce que Grujot veut sortir!

***

30:56 : Comme monsieur Grujot est revenue de sa petite sortie, nous reprenons l’entrevue! J’aimerais maintenant qu’on parle un peu plus en détails de la compétition.

Avant de conclure notre échange précédent, Anne-Marie tient à ajouter que si on ne veut pas faire de compétition, il n’y a pas de problème, mais elle encourage les gens à faire de la détection d’odeurs chez eux, pour tous les bénéfices dont elle a parlé tout à l’heure. Juste pour ça. Faire de la détection d’odeur pour les chiens peureux, anxieux, réactifs, c’est comme une thérapie, vraiment.

Autrement dit, peut-on dire que ça augmente leur confiance en eux? Oui, nous assure Anne-Marie. Finalement, ça baisse beaucoup le stress, parce que lorsqu’on produit de la dopamine, on ne peut pas produire de cortisol, qui est l’hormone du stress. C’est incompatible. Et de la dopamine, on en veut chez nos chiens. Pas trop, mais tout est dans le dosage. Les gens qui sont dépressifs ont une baisse de dopamine, c’est connu. Anne-Marie fait une grosse parenthèse en nous informant que le premier signe de la maladie de Parkinson chez l’humain, c’est la perte d’odorat. Elle ne sait pas si les chiens font du Parkinson, mais pour l’Alzheimer c’est pareil, et dans certains types de démence, un des premiers symptômes est la perte d’odorat. Ainsi, la perte d’odorat est entre autres reliée à la production de dopamine. L’odorat chez le chien a probablement les mêmes effets, et même amplifiés, parce qu’ils ont un odorat 100 000 fois plus puissant que le nôtre. Donc, c’est sûr qu’il y a des impacts au niveau de la confiance pour le chien, parce qu’on augmente aussi son niveau de dopamine au cerveau. Même si vous ne faites pas de compétition, faire chercher des croquettes à son chien augmente son niveau de confiance en lui.

33:37 : Je demande à mon invitée de me parler des paramètres des compétition sportives canines: si on veut faire du sport canin, si on veut participer à des compétitions de détection d’odeurs, doit-on être vraiment bon, comment ça se passe?

À la connaissance d’Anne-Marie, il y a deux organisations qui font la promotion du sport de détection d’odeur, soit le Club Canin Canadien (CCC) et la SDDA (Sporting Detection Dogs Association), ils s’affilient toujours avec des centres canins pour avoir des endroits où faire les compétitions. C’est pour ça qu’il est pertinent, selon Anne-Marie, d’avoir des cours de base, pour voir si le chien est assez motivé de chercher une odeur, puis aussi pour l’indication, qui est le dernier comportement qui montre que le chien a trouvé l’odeur.

34:30 : Dans les sports, nous dit Anne-Marie, il y a le sport de détection d’odeurs, qui est de chercher une odeur; le sport de pistage; des compétitions de discrimination d’odeur du manieur (l’odeur du propriétaire du chien) et les sports ratiers. Le sport ratier, c’est le seul sport, dans ces catégories-là, où vraiment, il n’y a pas d’initiation, pas de cours à suivre, pas d’apprentissage, cela fait seulement appel à l’instinct du chien.

Je dis que c’est selon l’instinct du chien, il l’a ou il ne l’a pas.

Mais Anne-Marie me dit que même dans le cas où le chien n’en a pas, ça se travaille. Ça se travaille par des ateliers, on peut motiver le chien à chercher le rat.

À mon tour de faire une petite parenthèse: je serais bien curieuse de connaître le sport ratier avec mon chien, qui est un extraordinaire chien de chasse, et qui a un odorat incroyable. Par contre, quand j’attrape des souris à la maison, si elles sont dans une cage, ça n’intéresse pas du tout mon chien. Ça ne lui fait rien. Il faut que ça bouge, il faut que ce soit la proie.

36:00 : Je me rends compte que nous n’avons pas encore expliqué ce qu’est un sport ratier.

Anne-Marie nous explique que dans un espace donné et relativement restreint, on place plusieurs buttes de foin dans lesquelles il y a des rats cachés, des rats d’élevage. Ils ne sont pas maltraités, ils ne sont pas stressés. Ces rats-là sont dans des énormes tubes en PVC plein de trous et il y a des bouchons au bout des tubes pour que le chien n’ait jamais accès au rat. L’idée ici n’est pas d’attraper le rat ou de tuer le rat, mais de le trouver. Donc, on se prépare, on a une petite boîte de départ, on est dans le 10 pieds carrés seul avec son chien avec un temps limite (une minute et demie) pour que ton chien trouve le rat.

37:17 : Dans les 60 premières secondes, on laisse son chien partir. On lui donne la commande, on l’excite un peu pour l’activer, puis on lui dis «go!», et le chien part à la recherche du rat. Et nous, en tant que manieur, on ne fait rien. C’est ce qu’elle voulait dire plus tôt par «sans apprentissage», c’est que le manieur n’a pas grand’ chose à faire, c’est le chien qui va faire le travail. Il va aller sentir, puis, quand il trouve le rat, il peut se mettre à gratter et vouloir aller le chercher, ou japper, ou tout autre comportement pour dire qu’il a trouvé le rat. Et une fois qu’il l’a trouvé, on lève la main, on dit: «rat». C’est comme en détection d’odeurs, cue ou non cue. Il a trouvé ou il n’a pas trouvé.

Je dis avec un sourire que ça, les chiens, ils adorent ça.

38:03 : Dans les sports ratiers, Anne-Marie a vu toutes sortes de chiens: des boxer, évidemment des Jack Russel, des Dobberman, Pitbull, là-dedans, c’est toutes races confondues, nous dit-elle. Il n’y a pas d’obligation d’avoir un chien de race, c’est ouvert à tout le monde. On fait vraiment appel à l’instinct de chasse du chien. Il y a des chiens qui l’ont plus profondément. Grujot, le chien d’Anne-Marie, n’a pas un très grand instinct de chasse. Lui, il est plutôt curieux, et il fait beaucoup de marquage, donc il marque les buttes, et à un moment donné, il dit: «ah, je pense qu’il y a un rat ici», mais il n’est pas tellement expressif, il a besoin d’être un peu excité pour trouver le rat.

Il existe des méthodes respectueuses pour motiver notre chien, pour l’exciter. On veut toujours rester dans l’éthique, évidemment, et c’est vraiment un pur plaisir de prendre part à ces sports. La plupart des chiens qui sont dans les arènes sont contents, parce qu’on fait vraiment appel à leur instinct. Il n’y a pas de manipulation de la part du manieur, on laisse partir le chien.

J’ajoute que ça permet au chien de faire ce qu’il fait dans la nature, ce qu’il n’a plus beaucoup l’occasion de faire dans nos vies modernes.

40:22 : On revient aux différents sports en compétition. En détection d’odeur, il y a plusieurs niveaux, et dans chaque niveau, il y a 3 catégories. Dans la première catégorie, le chien recherche une odeur dans une boîte parmi 12 à 15 boîtes. Ni le chien ni son humain ne sait où se trouve l’odeur. Dans la 2e catégorie, le chien recherche un objet parmi des objets de la vi de tous les jours. Ici aussi, ni le chien ni son humain ne sait où se trouve l’odeur. Et la 3e catégorie est la détection d’une odeur dans les parois d’un véhicule. Et on progresse de niveau en niveau en ajoutant des distractions: nourriture, jouets, etc.

42:00 : J’enchaîne en disant que l’on peut, même si on n’est pas un entraîneur ou un manieur, aller faire des compétitions novices. Ça veut dire que n’importe qui peut aller se tester en compétition, puis c’est juste une belle activité.

Par contre, Anne-Marie explique qu’il est mieux de s’assurer que son chien connaisse au moins une des odeurs pour participer, sinon ça peut être un peu ennuyant. Si on pense qu’on est prêt à compétionner, le plus simple c’est de l’essayer. Il y a plein de gens qui essaient, et ce ne sont pas tous les chiens qui réussissent dès le départ dans les compétitions. Ça dépend de chacun. Certaines personnes n’aiment pas les compétitions. Personnellement, Anne-Marie aime bien le milieu, mais ce qu’elle préfère, c’est de s’entraîner avec Grujot.

Ce qu’elle aime le plus en compétition, c’est d’être toute seule avec son chien, et le nécessaire travail de communication qui doit en découler. C’est là qu’on voit tout le travail de communication qu’il y a entre soi et son chien, son chien et soi. «C’est là la beauté de la chose», dit Anne-Marie.

42:56 : Elle enchaîne en disant que ce qu’elle apprend aussi dans ses cours, c’est comment se fait la communication. Elle nous rappelle à quel point les chiens sont bons pour nous décoder, les humains. Et combien nous sommes mauvais à les décoder. Alors dans tout le travail de détection, le plus difficile reste d’obtenir une communication efficace avec son chien. Des deux côtés. Donc, on doit apprendre les modifications de comportement quand le chien est à l’odeur, quand le chien perçoit l’odeur aussi. Il faut commencer à lire son chien, mais pour ça, il faut avoir fait des pratiques, il faut avoir observé son chien souvent. C’est ce qui est enseigné à Anne-Marie dans ses cours: comment lire son chien, comment lire les comportements qui sont observables, et comment faire la différence entre renifler une distraction et renifler l’odeur en question. Le travail du manieur, c’est justement de reconnaître ça. Ce travail du manieur est très important, mais il doit être le plus discret possible par rapport au chien, afin de ne pas l’influencer dans ses recherches, car lui, il nous lit constamment.

44:15 : Je demande s’il est possible de donner la réponse au chien simplement avec son corps si nous savons nous-mêmes où est cachée l’odeur.

Anne-Marie me confirme que oui, tout à fait, seulement par notre mouvement. Juste par nos mouvements, on donne des cue – des signes, des indices – à notre chien, qui sont souvent mauvais, et le chien, si ça fait longtemps qu’il cherche sans trouver, ou s’il n’est pas au bon endroit, il va nous regarder et analyser notre corps pour avoir des indications, qui trop souvent vont être erronées. Le chien va être influencé par le manieur, et ne trouvera pas l’odeur au bon endroit. Dans le jargon, on appelle ça une «belle fausse alerte». Dans le milieu policier, avec les chiens renifleurs, il y a un taux effarant de fausses alertes, nous raconte Anne-Marie. Ce qui est mis en cause aujourd’hui dans les récentes études, ce sont entre autres les mauvais cue des manieurs, et aussi la pression qu’ils mettent sur le chien, qu’il ressent évidemment, car il doit trouver quelque chose et que l’autre est stressé.

45:44 : Je demande à Anne-Marie s’il est possible de faire des compétitions au Québec. Elle me dit qu’il y en a d’offertes par la SSDA (Sporting Detection Dogs Association) et le CCC (Club Canin Canadien) et elles sont annoncées sur leurs sites respectifs. Avec le CCC, c’est un peu plus compliqué, car les chiens doivent être enregistrés préalablement. Par contre, avec la SSDA, c’est plus simple, parce qu’une fois son chien enregistré auprès d’eux comme chien renifleur, on reçoit par courriel les compétitions à venir, avant l’ouverture des inscriptions. Comme les compétitions de détection d’odeurs trouvent preneurs excessivement vite, on est privilégiés en étant déjà enregistrés, parce qu’on reçoit les annonces avant que ce soit mis public. Souvent, tout est complet vraiment vite.

47:05 : Je demande à Anne-Marie si elle est au courant s’il y a des compétitions de ce genre en France aussi? Elle me répond brièvement qu’elle est en contact avec une collègue qui est impliquée dans Nose Work France, le même genre de réseaux qu’elle en détection d’odeurs. On peut la retrouver sur Facebook en tapant NoseWork France.

47:45 : Comme notre entrevue tire à sa fin, je pose ma fameuse dernière question à Anne-Marie: «Est-ce que tu as déjà fait dans ta vie quelque chose que tu considères aujourd’hui comme une erreur, mais que, si tu pouvais revenir en arrière, et que tu pouvais changer cette erreur, tu la referais quand même?»

Anne-Marie me répond tout de suite que oui. En fait, ça concerne l’achat de son chien Grujot. Son premier Airedale, Bianca, est décédée à 11 ans d’un cancer de la rate. Anne-Marie a dû la faire euthanasier. Une semaine plus tard, Anne-Marie se dit qu’elle a besoin d’un chien puisqu’elle est instructrice de chien renifleur! Elle commence à chercher, à se renseigner sur quel type de chien devrait lui convenir, mais elle ne voulait pas reprendre un Airedale, parce qu’elle avait trop aimé sa première chienne et ne voulait pas la remplacer. Elle a donc cherché d’autres races. Puisqu’elle est allergique aux chiens, elle est limitée dans ses choix, c’est d’ailleurs pourquoi elle avait un Airedale. Ces chiens-là ne muent pas, et Anne-Marie ne ressent aucun symptôme avec les chiens à poils durs.

Au fil des années où elle a travaillé avec Bianca et faisait encore plusieurs activités canines avec elle, Anne-Marie a rencontré beaucoup d’entraîneurs et d’éleveurs aussi. Certains lui avaient dit que si elle voulait vraiment avoir du plaisir en sports canins, c’était vraiment une bonne idée de me procurer un chien de lignée de travail.

50:11 : Je veux qu’on explique un peu plus en détail. J’ajoute que certains chiens sont de lignées de travail, et d’autres chiens sont de lignées de famille.

Anne-Marie explique que lorsqu’on dit lignée de travail, ça désigne des chiens qui ont le désir de faire quelque chose. Qui ont une motivation supplémentaire. Elle reparle de la dopamine. Elle a appris dans le cadre de son cours en ligne que les chiens de lignée de travail ont une facilité à produire de la dopamine. La dopamine, c’est ce qui fait la motivation: «En entraînement, de la dopamine, on en veut, de la motivation, on en veut, puis l’anticipation on en veut.»

51:06 : Donc, ça cogitait dans sa tête. OK, un chien de lignée de travail, s’est-elle dit, mais étant toujours limitée dans ses choix de chiens, sa liste rétrécissait. Un jour, elle tombe sur une race qui s’appelle Lagotto Romagnolo, un chien d’environ 30 livres, qui ressemble à un caniche sans en être un. C’est un chien d’eau italien, chercheur de truffes.

Je ne connaissais pas ces chiens-là!

52:02 : Anne-Marie trouve un éleveur, le plus près est au Nouveau-Brunswick. C’est un chien assez rare au Québec, mais il y en a beaucoup en France et en Europe, évidemment. Elle communique avec l’éleveur, qui lui parle de cette race et lui demande ce qu’elle veut faire avec son chien, parce que les Lagotto Romagnolo sont des chiens de lignées de travail. Elle est presque sûre de prendre le chien, malgré le prix indécent auquel l’éleveur le vend. Elle continue quand même à regarder ici et là sur Internet, et force est de constater qu’à chaque fois qu’elle tombe sur une photo d’Airedale, elle sourit, elle est vraiment contente…

53:15 : Elle fait donc des recherches sur le Airedale et trouve une éleveuse qui lui dit que les lignées de travail d’Airedale existent, mais pas au Québec. Elle contacte un éleveur d’Airedale à Trois-Rivières qui fait de temps en temps des lignées de travail, mais il n’en a pas à court terme. Mais il lui donne le nom d’une femme aux États-Unis qui vient d’annoncer une portée d’Airedale de lignée de travail. Anne-Marie se fait interroger sur ses intentions et jase avec elle pendant plus de deux heures au téléphone pour discuter de ce qu’implique avoir un chien de lignée de travail de cette race. L’éleveuse ne veut pas les vendre à n’importe qui, mais Anne-Marie semble l’avoir convaincue car elle lui réserve le chien.

Bianca est décédée le 18 janvier, et Grujot est né le 19 février de la même année. Anne-Marie n’a eu Grujot qu’au mois d’avril, et elle est allée le chercher en Ohio. Les premiers mois, ça allait plutôt bien, puis après, elle a compris… Elle a compris ce que ça voulait dire «lignée de travail».

55:35 : La différence entre Bianca et Grujot était nette: la ténacité, la motivation, la curiosité… Anne-Marie nous dit en riant que ses tiroirs sont encore barricadés à ce jour, comme si elle avait un enfant de 3 ans, parce que son chien les ouvre encore. Il a besoin d’énormément d’activité physique et cache tout ce qu’il trouve. Il a donc besoin d’encadrement.

Après une semaine de repos à la maison, de retour d’Ohio, Anne-Marie a commencé à travailler avec Grujot les odeurs et ç’a tout de suite très bien fonctionné. Par contre, la «Ferrari» des chiens, comme aimait l’appeler l’éleveuse de Grujot, Anne-Marie l’avait eu, mais ça voulait donc aussi dire que tous les comportements problématiques – quoique normaux – persistaient plus longtemps. Par exemple, la propreté et le mordillage. Ça s’est estompé aujourd’hui, mais ç’a duré bien plus longtemps que pour Bianca.

57:00 : Après les débuts avec Grujot, Anne-Marie s’est vraiment demandé si elle n’aurait pas été mieux avec son Lagotto! Mais aujourd’hui, elle peut dire que ce n’était pas vraiment une erreur. Plus Grujot et elle partagent un quotidien ensemble, plus elle l’apprécie. Elle est très fière de son Grujot. Anne-Marie est décidément une amoureuse des Airedale!

Je remercie chaudement Anne-Marie pour cette entrevue dans laquelle j’ai appris plein de choses. J’espère que vous en aurez appris un peu plus sur la détection d’odeurs et que ça vous aura donné le goût d’essayer. Au Québec, Anne-Marie donne des ateliers un peu partout.

Partage cet article !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *