On jase de chien avec… Stéphane Fallu, humoriste et animateur de l’émission Refuge Animal

Je suis extrêmement fière de vous présenter cette entrevue (exceptionnellement réalisée en ligne, Covid-19 oblige) avec Stéphane Fallu, humoriste et animateur de la série documentaire Refuge animal à TVA. Stéphane nous ouvre son cœur et nous raconte son vécu à travers son parcours durant les six saisons de Refuge Animal.

Description de la vidéo

Début : Salut les amoureux des chiens, aujourd’hui, j’ouvre mon entrevue avec grand enthousiasme, car je suis certaine que vous allez adorer mon invité. Cette semaine, j’accueille nul autre que Stéphane Fallu, humoriste et animateur de l’émission Refuge animal à TVA.

Stéphane nous salue et souligne que lui aussi s’ennuie de son émission: il a hâte de recommencer les tournages.

Je lui demande si nous allons avoir la chance de voir une septième saison de Refuge animal l’année prochaine, question qu’il élude ; il ne peut rien nous dire ici, mais il espère. Cela dit, il nous avoue que la dernière saison ayant été extraordinaire, cela finirait sur une bonne note. Il devra faire le deuil de cette émission quand il arrêtera de la tourner, car il travaille avec des gens incroyables. Stéphane se présente pour les auditeurs et auditrices d’Europe qui ne connaitraient pas l’émission: il est un humoriste, mais aussi un ami des animaux et s’est découvert avec les années une passion à comprendre l’animal, le chien ; à comprendre le maître, l’éducation et sa mission, c’est d’essayer d’éviter les abandons d’animaux.

1:48 : Je le félicite pour la belle mission qu’il s’est donné et lui assure qu’il la fait super bien.

Il me remercie, mais selon lui, c’est aussi grâce à son entourage. Avoir une bonne équipe, c’est important. C’est la base, selon lui, car souvent le public lui assigne le rôle de «porte-parole», un titre avec lequel il est plutôt en désaccord: «Le porte-parole, ce n’est pas moi, ce sont plutôt les gens qui sont là à tous les jours, qui sont confrontés à ces problèmes-là, parce que tu sais, […] moi je suis […] une courroie pour que les gens comprennent et changent leurs comportements.»

Il ajoute que tout le monde, au départ, pense qu’il fait bien les choses avec leur chien, les gens ne se sentent pas concernés, alors qu’on a tous à apprendre quelque chose. Il croit que la première leçon à apprendre lorsqu’on a un animal, c’est de se dire que peut-être on n’est pas parfait. 

2:37 : Je réitère que je trouve que c’est une belle mission, mais surtout une mission importante. C’est ce que nous aussi en tant qu’éducateurs canins on essaye de faire.

Stéphane dit que c’est difficile, mais qu’il faut tout changer, parfois. Il nous raconte que son chien jappe, grogne, et qu’au début de leur relation, il a mal fait son hygiène dentaire. Il dit que cela peut sembler banal, mais qu’aujourd’hui, il en reconnaît l’importance dans son parcours avec son chien, et est capable de dire qu’il a commis des erreurs au début de l’éducation de son chien. Pour lui, aimer son chien, ça ne signifie pas simplement de le flatter. 

3:34 : Je demande à Stéphane de nous parler un peu de son chien, Gustave, un beau shit-su de douze ans, déjà, presque comme ma chienne Griotte, qui elle, a onze ans.

Il nous raconte que c’est un «petit vieux» qui avait des problèmes de hanches. Il est allé voir des vétérinaires qui lui ont proposé des chirurgies, mais il ne voulait pas investir 4000$ dans ces opérations. Il dit aimer beaucoup les chiens, mais ne se considère pas de ces personnes qui pensent que l’amour d’un animal doit vouloir dire que les finances les concernant sont illimitées. Il est donc allé consulter un autre vétérinaire qui lui a suggéré de la Glucosamine pour Gustave. Son chien ne peut pas manger de viande, parce qu’il fait des allergies. Stéphane a donc dû lui faire des injections chaque mois, qui se sont avérées très efficaces. Peu de temps après, Gustave a recommencé à courir et à sauter. Pour Stéphane, cela prouve qu’il y a des alternatives pertinentes pour nos animaux, qui changent des chirurgies coûteuses que l’on privilégie peut-être trop souvent.

J’ajoute que l’ostéopathie et l’acupuncture peuvent aussi être des alternatives utiles pour les chiens avant de penser à la chirurgie.

4:32 : Il m’avoue qu’avant, il ne croyait pas à cela, mais que depuis que son chien a retrouvé la joie de vivre, il est vraiment content et agréablement surpris des résultats. Il prend de courtes marches avec son chien, elles sont adaptées à sa capacité, mais c’est au moins ça!

Je rappelle qu’un chien qui a de la douleur change carrément de comportement. Il n’est pas étonnant que son chien soit différent après le traitement.

Stéphane acquiesce. Un chien qui a de la douleur devient agressif. Il donne l’exemple d’un chien qui n’aurait pas les griffes coupées, des griffes qui lui rentreraient dans la peau, tout le temps. Les gens disent souvent: «Ah, mon chien est sauvage!» Pour lui, ils se trompent sur toute la ligne. Il ne s’agit pas d’être sauvage!

«Qu’est-ce que tu ferais toi si tu avais un ongle complètement dans la peau, eh bien si on te touchait la main, tu deviendrais agressif!» nous dit-il. Ce sont des situations qui arrivent très souvent. Pour lui, ça semble aujourd’hui bien simple à comprendre, mais il affirme que cela reste complexe à faire comprendre aux gens. Par exemple, un chien qui a plein de gros nœuds dans son poil. Ça lui fait mal à la peau! Ce sont de petits détails qui font toute la différence pour nos animaux et qui malheureusement restent difficiles à expliquer aux gens, car ils le prennent souvent personnel.

Je suis d’accord. Selon Stéphane, si tu n’as pas de sous pour payer le toilettage d’un chien, n’achète pas un chien qui a le poil long. C’est tout.

5:27 : Je rappelle que parfois, encore aujourd’hui, certaines personnes achètent des chiens parce qu’elles les trouvent beaux, ou parce qu’ils sont «à la mode». Ces gens ne connaissent donc pas le chien, ni son tempérament, ni son énergie, et on peut dire que ça part relativement mal à ce moment-là.

Stéphane donne un autre exemple d’attitude que l’on retrouve souvent chez les nouveaux acheteurs de chien, qui se disent qu’avec ce chien-là, ils feront de l’exercice. Non, dit-il, si la personne n’en faisait pas avant, elle ne doit tout simplement pas prendre un chien qui doit courir une heure le matin, une demi-heure le midi et une heure le soir, ça ne marchera pas, c’est la réalité. Selon Stéphane, il faut réfléchir à ces choses-là avant d’avoir un animal. Et si on compte mettre le chien dans sa cage toute la journée, eh bien c’est peut-être que l’on n’est pas fait pour avoir un animal.

Je trouve personnellement qu’il serait pertinent d’avoir de petits cours de base quand on se prend un chien, ça aiderait mille fois. Stéphane est d’accord, mais il considère que l’on n’a pas besoin de devenir experts non plus pour adopter un chien. Je lui réponds qu’en effet, avoir une idée de base du fonctionnement d’un chien et de ses besoins de base serait suffisant pour commencer. Pour lui, la base, c’est aussi de trouver un animal qui correspond à son style de vie.

7:05 : Stéphane dit que pour certaines personnes, c’est presque mieux d’avoir un chat, parce qu’un chien, c’est du travail, c’est dépendant, c’est «dans ta bulle», c’est difficile! En effet, je lui réponds qu’un chien, c’est relationnel, ça a des besoins, ça demande et il faut donner.

Stéphane continue en disant que l’anxiété chez le chien est un sujet que l’on n’abordait pas avant, mais que cela existe; c’est d’ailleurs un sujet que l’on découvre de plus en plus. Certains chiens sont anxieux, mais comment les traite-t-on? Comme un petit bébé, ou comme un chien?

J’ajoute qu’il y a aussi une partie génétique à l’anxiété chez le chien, ce que les gens ne savent pas tout le temps, et c’est entre autres pour ça qu’un bon éleveur est important, parce que si tu reproduis des chiens anxieux, et bien, il y a une partie des bébés qui seront anxieux, puis après ça, c’est l’humain qui embarque là-dedans, souvent non pas pour le mieux. On commence également à parler de médication pour aider les chiens anxieux.

Stéphane nous raconte que c’est une expérience qu’il a vécue cette année à Refuge Animal. Concernant la médication, il n’a pas vraiment d’avis sur si oui ou non l’utiliser, il apprend. Tout ce qu’il peut dire, c’est qu’un des chiens de l’émission attaquait les chats, mangeait les meubles, puis ils l’ont reçu au refuge. Ils ont commencé à lui donner trois, quatre marches par jours, et en moins de trois jours, le chien s’est transformé. Ce chien-là n’était pas motivé physiquement, psychiquement ; il était jeune de 9 mois et passait toute la journée dans la maison…

8:44 : Stéphane aime bien la mission du refuge, car pour certains, avoir un chien de deux ans, c’est peut-être mieux pour des gens qui ne sont pas habitués à avoir des animaux. Un bébé animal, c’est beaucoup de travail, et parfois, on doit passer des nuits blanches. Il va y avoir des pipis un peu partout, au début, parce que, oui, avoir un chiot, c’est exigeant, alors qu’un chien qui est adopté à deux ans déjà, souvent, il est propre et il a déjà fait ses folleries et a développé des habitudes. Il y a donc toutes les chances que le nouveau propriétaire passe de belles années avec un chien même s’il ne l’a pas dès sa naissance.

Je poursuis en disant qu’il y a quelques mois, j’ai fait une entrevue avec un propriétaire de refuge à Québec. Je dis à Stéphane que ce qui m’avait frappé, c’est que ce n’est pas parce qu’un chien a des problèmes de comportement à un endroit qu’il aura les mêmes problèmes dans un autre foyer. Parfois, il faut juste le changer de famille, et ça disparaît, parce que c’est un nouvel environnement, une nouvelle relation. Cela met en lumière le fait que dans le fond, le chien n’a pas nécessairement des problèmes de comportement: il n’est peut-être juste pas adapté à sa famille.

Stéphane nous raconte que sa belle-sœur a un chien qui est passé à l’émission cette année. Au début, il était timide, mais maintenant il a retrouvé sa vraie personnalité. Aujourd’hui, il jappe, il est anxieux. Il est passé d’un chien qui ne jappait pas à un chien qui a découvert sa voix!

Je complète en disant que cela arrive souvent: parfois, les chiens sont en détresse, alors c’est là qu’ils ne bougent plus, ils sont comme paralysés, puis leur personnalité se révèle. Ça veut dire qu’ils sont mieux qu’avant.

10:16 : Stéphane croit qu’un animal, de toute façon, ce n’est pas fait pour être dans un refuge. Cela génère beaucoup d’anxiété pour les animaux d’être dans ce genre de contexte. Il y a des odeurs de stress partout. Nous, on ne les sent pas, mais eux autres, ils les sentent.

Il est important, selon Stéphane, de bien vérifier à qui on a à faire lorsqu’on achète un chien. Il conseille de passer au refuge avant d’aller dépenser des sommes folles pour acheter un chien chez un éleveur malhonnête. Certaines personnes lui ont rapporté avoir payé 1500 $ pour un chien qui a du mal à respirer, qui ont des problèmes de mâchoire et de hanches dès leur plus jeune âge. Il y a toutes sortes d’éleveurs. Pour lui, être éleveur, ça doit être une business de cœur et pas d’argent.

11:56 :Stéphane me confie qu’il va vouloir un autre chien à un moment donné, et qu’il va aller voir dans les refuges avant, c’est sûr! Mais il préfère les chiens «laineux», parce qu’il a des allergies. Il me confie qu’il est un «vieux pépère» dans l’âme, il aime les Shih Tzu. Il aime un petit chien qui est avec lui quand il écrit, qu’on peut emmener partout.
Mais il insiste pour dire qu’il traite son chien comme un Golden, pas comme un chien de «sacoche» (un chien qu’on a toujours dans les bras).

13:17 : Stéphane me demande comment ça se passe avec mes animaux depuis le début du confinement.

Je lui réponds que j’ai aussi une «petite vieille» teckel de 11 ans, et puisque je travaillais déjà beaucoup à la maison et que mon conjoint est déjà retraité, nous étions souvent à la maison même avant le confinement. La vie de mon chien n’a donc pas vraiment changé dans les derniers mois contrairement à d’autres.

Stéphane raconte que son chien avait commencé à l’ignorer dernièrement. Il était toujours avec sa copine, et maintenant, il le suit constamment. Il le suit quand il se lève la nuit pour aller aux toilettes, il descend du lit, il le suit tout le temps, il veut toujours tout savoir; quand il prend une douche, il gratte à la porte, ça semble important qu’il soit près de lui. Et depuis peu, sa conjointe et lui ont décidé de continuer sa routine et d’aller le mener là où il se faisait garder avant, chez la grand-maman, juste pour qu’il recommence à faire des choses plus routinières, car il semblait déprimé.

14:17 : Je suis convaincue que cela est bon pour le chien. C’est important, parce qu’on peut même se dire que notre chien est super content qu’on soit toujours présent, mais avant le confinement, on n’était pas là tout le temps! Quand tout cela sera passé, on va repartir, et puis le chien va se retrouver pendant huit heures tout seul comme avant, alors «bonjour l’anxiété de séparation!» Je tiens à avertir les gens là-dessus.

Stéphane nous conseille de ne pas toujours amener nos chiens lorsqu’on va prendre une marche, juste pour qu’ils s’habituent tranquillement à être seuls, car quand les choses vont revenir à la normale, ça va être un grand changement pour eux.

Je confirme. Je poursuis en disant que le fait que les gens soient à la maison les incite à entrer plus souvent dans la bulle du chien, sans la respecter. Stéphane enchaîne en disant que les enfants font ça, entrer dans la bulle du chien. Mais le chien le dit. Il insiste sur le fait d’écouter les animaux! Ils nous envoient des signes, et si on écoutait, on éviterait beaucoup de problèmes!
Stéphane parle des parents qui affirment que leur chien est OK avec les enfants. Ce sont les mêmes qui rient lorsque les enfants sont inappropriés avec le chien.

16:20 : Je demande à Stéphane s’il a des anecdotes à nous raconter sur son chien Gustave.

Il dit que Gustave, c’est un chien super: il n’a pas besoin d’être attaché, il les suit. C’est un Shih Tzuqui ne s’enfuit pas. Un jour, alors qu’ils allaient souper chez des amis, ils quittent la famille, en voiture. Cinq minutes plus tard, les deux se regardent et se demandent: «Où est le chien?» Ils sont retournés chez les amis et ont trouvé le chien sur le balcon, qui n’avait pas bougé et qui regardait au loin en voulant dire: «Ils m’ont oublié?» Il n’avait même pas bougé, il est resté là, à la même place, puis quand ils sont arrivés, il est rentré dans la voiture, et il a jappé sur Stéphane, puis l’a boudé toute la soirée. Il était insulté qu’ils l’aient oublié là-bas.

17:17 : Stéphane veut partager une autre anecdote avec nous. Lorsqu’il tourne l’émission Refuge Animal,il passe beaucoup de temps au refuge. Lorsque Stéphane revient à la maison, Gustave le renifle des pieds à la tête. Les premières journées, il lui mordille la main, car il sait qu’il y a des croquettes dans ses poches, que Stéphane garde après le tournage. Mais à partir de ce moment, Gustave le boude. Quand le tournage de la saison de l’émission est terminée, et que le chien voit que cela fait deux, trois jours que son propriétaire ne sent pas le chien, il se met sur le dos, il est content, il «recommence à m’aimer». C’est comme s’il se sentait trompé, c’est complètement fou, dit Stéphane. Un animal sent vraiment beaucoup les choses.

Je confirme. Les chiens ont un odorat incroyable, ils sentent nos émotions, ils sentent tout. Et oui, des fois ça les fait réagir. Ils sentent des fois la maladie, la dépression.

Parfois, ils sont juste aussi un peu niais, ajoute Stéphane.

Je lui réponds que c’est comme les humains: il y a des chiens plus intelligents que d’autres, et il y a des chiens qui ont des spécificités, qui sont reproduits pour leur nez.

18:24 : Stéphane nous raconte que cette année, pendant le temps des fêtes, sa conjointe et sa fille ont fait de beaux biscuits de pain d’épices, elles ont beaucoup travaillé, se sont beaucoup appliquées. Comme son chien ne grimpe plus, ou du moins, c’est ce qu’ils croyaient, elles ont laissé les biscuits sur la table. Le lendemain matin, il n’y a plus rien. Un chien qui normalement a du mal à monter dans le lit… Cette fois-là, il a grimpé sur une chaise, puis sur la table, et a dévoré tous les biscuits de Noël.

Je lui dis que le chien devait être bourré d’avoir autant mangé!

Oui, il était plein et il avait plein de bonbons et des morceaux de biscuits partout dans la moustache. Il a même fait des cacas avec des motifs, il y avait du vert, des yeux… On en rit.

19:58 : Je demande à Stéphane qu’il nous parle un peu de son expérience de six saisons avec Refuge Animal. Cette année. il a travaillé avec l’association Chiots nordiques qui travaille dans le Grand Nord québécois et s’occupe des problèmes de chiens errants dans des communautés autochtones.

L’expérience de Refuge Animal, c’était une nouvelle façon de travailler pour lui. Cela voulait dire travailler avec une image différente: c’était Stéphane Fallu la personne, et non pas Stéphane Fallu l’humoriste. Que cela soit tourné de façon documentaire changeait beaucoup la donne, car il n’a pas de texte, il n’y a pas non plus de mise en scène, c’est différent de ce à quoi il était habitué. Il voulait que ça soit «vrai», il tenait à ça. Certaines personnes aiment l’émission à cause de ça, d’autres moins, car ils aimeraient que ce soit plus romancé.

21:29 : Stéphane aime beaucoup les animaux, il aime le respect, le respect entre les êtres humains et discuter avec les gens. Et à Refuge Animal, il a appris que ce n’est pas tout le monde qui est méchant. Certains abandonnent leurs animaux à cause de ruptures, parfois c’est à cause de la maladie mentale… D’autres ne savent en effet, «pas vivre» – ne savent pas s’occuper des animaux – et cela n’a souvent rien à voir avec la pauvreté. Il a toutefois appris à ne plus faire confiance à tout le monde.

J’ajoute qu’en travaillant dans ce domaine, on apprend à ne plus juger les gens selon leur apparence.

Il a aussi appris à connaître l’animal. Au début, il avait très peur et aujourd’hui aller chercher un chien qu’il ne connaît pas ne le stresse plus. Il s’est amélioré, il se sent plus à l’aise.

22:38 : Avec Chiots nordiques, ce fut aussi une belle expérience de vie humaine pour Stéphane. Rencontrer des gens, des bénévoles, mais des bénévoles qui ne sont pas juste là pour flasher. Ils sont là pour travailler fort, pour aider les gens des communautés qui souvent ne connaissons pas. Stéphane dit avoir déconstruit plusieurs préjugés qu’il pouvait avoir envers les personnes autochtones grâce au travail qu’il a fait avec eux. Il a appris à connaître mieux ces gens et les enjeux qui entourent les chiens dans leurs communautés, comme par exemple la surabondance de chiots, car les chiennes ne sont pas toutes stérilisées et que c’est un processus coûteux.

À Obedjiwan, il y a des endroits où ils se promenaient avec des bâtons parce qu’il y avait trop de chiens. Et parfois les chiens étaient affamés.
Dans l’émission, il a aussi vécu le retour de chiens qui arrivaient de Corée du Sud, des chiens qui étaient élevés pour la viande, c’est-à-dire pour l’alimentation…

Je lui dis que ce sont des réalités qui nous bousculent dans ce que nous connaissons.

Stéphane acquiesce. Il a aussi vu des gens qui abandonnent leurs chiens dans leur maison et s’en vont. Ça lui a fait perdre une certaine naïveté, mais il était heureux de faire partie de l’équipe qui allait rediriger le chien vers une autre famille, le travail n’est pas fait en vain. Évidemment, Stéphane précise qu’il n’est là que de temps en temps à l’émission. Il souhaite lever son chapeau à tous les gens qui s’impliquent dans leur quotidien, parce qu’ils ne reçoivent pas nécessairement les meilleurs salaires, ils n’ont pas les meilleures conditions de travail, mais leur présence est tellement essentielle, «bravo d’être là», leur dit-il.

Personnellement, je les admire aussi, c’est définitivement un travail de cœur.

24:22 : Stéphane nous dit qu’il adore son équipe et qu’ils ont beaucoup de plaisir ensemble. Il trouve que c’est important de ne pas être trop sérieux.
Il ajoute qu’il se considère comme un amoureux des animaux, mais il ne milite pas au quotidien pour leurs droits. Les animaux font partie de sa vie, certes, mais il n’est pas non plus du genre à «monter aux barricades», il sait que certains sont meilleurs pour ça que lui. Il est avant tout un humoriste… qui aime les animaux.

Je lui réponds que chacun son métier, en effet. On a tous notre mission en tant qu’éducateur canin, et chacun prend l’angle qui lui convient pour arriver à ses fins. Moi je prends l’angle selon lequel l’humain qui a un chien doit être capable de se mettre à sa place au niveau des émotions pour comprendre ce que le chien vit. Je pense que lorsqu’on est capable d’imager comment il se sent, de la même façon qu’on se met à la place d’un personnage dans un film, on est capable de mieux de le comprendre et donc de mieux le traiter.

Stéphane souligne que le métier d’éducateur canin a beaucoup évolué dans les dernières années. Lui-même l’a constaté en apprenant à travailler avec plein de gens avec plein d’approches différentes. En huit ans, il y a des choses que l’on préconisait avant et que l’on ne fait plus aujourd’hui. C’est un travail en mouvance.

27:24 : Je lui demande s’il y a un Stéphane Fallu avant et après l’émission Refuge Animal?

Il pense que oui, mais surtout pour le public, car les gens l’ont découvert plus personnellement. Pour lui, cette expérience lui a permis de faire de la télé comme il avait envie de le faire, et de parler des animaux d’une façon qui est en accord avec ses valeurs. Avec son équipe, il croit avoir trouvé un ton qui est bien. Il sent qu’il a gagné en confiance: «Plus personne ne va pouvoir me dire: “Ah, fait ça comme ci, fait ça comme ça”». Il essaye de faire son travail pour que le public apprécie, mais il n’est pas là pour faire plaisir à tout le monde, l’émission aurait pu être seulement dans le drame, mais il trouve que Refuge Animal est plutôt une émission équilibrée au niveau des cas qui y sont traités.

28:35 : Je suis d’accord. Il y a de belles histoires, de tristes histoires, des trucs qui nous font réfléchir, c’est bien dosé. Et j’espère que ça aura apporté au public québécois une meilleure compréhension des chiens.

On discute avec Stéphane du pourquoi il est important de présenter les «petits» problèmes qui se passent dans les maisons pour que les gens en prennent conscience et de ne pas seulement scandaliser par les «gros problèmes». La maltraitance, la pauvreté, la maladie mentale, on évite d’en parler, mais ça fait partie de la vie, et il croit que ce sont des enjeux qui devraient être plus visibles.

31:00 : Pour conclure l’entrevue, je demande à Stéphane s’il aurait un conseil à donner à quelqu’un qui a un chien, quel serait le conseil le plus important à suivre selon lui? 

Pour lui, le conseil le plus important, c’est que si tu te prends un animal, il faut essayer de penser que c’est pour la vie. Comme avoir un bras. Avoir un animal, ça veut dire de prévoir un peu plus, parce qu’il va t’apporter beaucoup aussi. Peu importe qui tu es, il y aura un chien pour toi, peu importe ton occupation et tes hobbies.

Sinon, devenir famille d’accueil pour les animaux est une bonne option si tu veux l’avoir seulement une fois de temps en temps, ou devenir le gardien du chien d’un de tes amis.

Je trouve que l’idée de la famille d’accueil est excellente. Souvent, on n’y pense pas, mais c’est un bon point de départ pour savoir si on veut adopter un chien, pour connaître ses propres limites et le travail que cela demande. On est mieux préparés ainsi.

33:04 : Je pose ma fameuse dernière question à mon invité: «As-tu déjà fait quelque chose dans ta vie que tu considères aujourd’hui comme étant une erreur, mais que si tu avais l’occasion de revenir en arrière, pour effacer cette erreur, tu la referais quand même? Pour tout ce que ça t’as apporté.»

Spontanément, Stéphane répond qu’il avait trouvé un chien dans la rue il y a une quinzaine d’années et qu’il l’a gardé pendant deux jours au lieu de l’apporter tout de suite au refuge. Là-bas, ils lui ont bien sûr dit qu’il aurait dû apporter le chien avant, parce que c’est souvent dans ces cas-là qu’il est plus difficile de retrouver le propriétaire. Mais reste qu’il a beaucoup appris par rapport au fait que, s’il voulait un chien, il voulait qu’il lui ressemble, qu’il soit près de lui. Il a pris un chien pour sauver un chien, mais il a bien vu à ce moment-là qu’il n’était pas capable de s’en occuper comme il faut. Il avait déjà l’âme de sauver des chiens à l’époque, mais sans savoir comment bien le faire. C’est toutefois grâce à cette expérience qu’il a découvert qu’il avait des allergies, mais c’est là aussi qu’il s’est rendu compte que d’avoir un chien, ce n’était pas si facile que ça.

Je remercie chaleureusement Stéphane de m’avoir accordé cette entrevue, en espérant que nous aurons la chance de le croiser à nouveau dans une autre saison de Refuge Animal prochainement! À bientôt!

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